Algérie : "La non-violence des manifestants va continuer à désarmer un régime surarmé"
Historien, spécialiste du monde arabe, Jean-Pierre Filiu est l'invité du JT du soir de franceinfo mardi 10 décembre.
Les Algériens demandent une nouvelle indépendance. "C'est une exigence très forte. Ils veulent passer de l'indépendance post-coloniale en 1962 à l'indépendance post-dictatoriale le plus tôt possible. Ils descendent dans la rue pour cela. Le chef d'état-major a fixé le jour du scrutin présidentiel et annoncé par avance une participation massive et il est exclu pour des millions d'Algériens de lui accorder cette victoire", explique Jean-Pierre Filiu, auteur du livre Algérie, la nouvelle indépendance.
Selon cet historien professeur à Sciences Po, "les militaires sont déconnectés, déphasés par rapport à cette jeunesse patriote, à ce mouvement pacifique et citoyen déterminé. Ils ont cru pouvoir ramener ce pays au temps de Bouteflika quand ils avaient une marionnette impotente qui leur permettait de gérer l'Algérie et de s'en mettre plein les poches".
"Militaires algériens déphasés"
"Le problème des Algériens n'est pas de savoir qui sera élu jeudi 12 décembre tellement il sera mal élu et illégitime, ce sera de descendre dès le lendemain dans la rue comme tous les vendredis depuis le 22 février et de continuer à demander sereinement, pacifiquement, mais avec une grande détermination une transition authentique vers un système démocratique", développe ce spécialiste du monde arabe.
"Depuis fin février, il n'y a aucun débordement des manifestants", fait-il remarquer. Jean-Pierre Filiu se dit "convaincu qu'ils resteront attachés à cette non-violence parce que c'est l'arme qui leur permet de désarmer un régime surarmé".
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