Algérie : "Une mascarade pour sauver le système" : une association de jeunes dénonce la tentative de récupération de ceux qui lâchent Bouteflika
De nombreux jeunes participent à la contestation en Algérie, mais l'association Rassemblement actions-jeunesse les appelle à se méfier des annonces de l'armée et de partis politiques.
"J’ai senti ce que nos aînés, nos parents, ont senti en 1962. La possibilité d’aller vers une Algérie libre, indépendante, démocratique", lance Abdelwahab Farsaoui, président de Rassemblement actions-jeunesse (RAJ) une association nationale qui a pour objectif la sensibilisation et la mobilisation des jeunes aux problèmes sociaux et aux droits de l’homme. Mais cet espoir, ravivé par la contestation dans la rue depuis le 22 février et centrée sur le président Bouteflika en exercice, ne peut pas s'appuyer sur les anciens soutiens du régime, assure-t-il.
Les locaux du RAJ se situent au troisième étage d’un immeuble près du centre-ville d’Alger. Dans un appartement reconverti en QG et rempli de rêves d’une Algérie nouvelle, Abdelwahab Farsaoui suit tous les jours, comme un feuilleton, les revirements politiques qui se succèdent.
"Ruse" et "tactique"
D'abord, l'épisode de l’armée qui demande l'application de l’article 102 de la Constitution pour écarter le président. "Pour nous, c’est une manœuvre machiavélique qui vise à redonner au pouvoir algérien, au système, la possibilité de se régénérer et d’exister encore, avec une autre forme", réplique le président de l'association.
À présent, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), partis alliés du pouvoir, lâchent à leur tour Abdelaziz Bouteflika. "C’est tactique de leur part. C’est de la ruse, réagit-il. Ils savent très bien que Bouteflika aujourd’hui n’est pas un bon cheval de bataille. Il est rejeté par la société, donc ils essayent de montrer à l’opinion publique qu’ils se démarquent de Bouteflika. Ils sont prêts à sacrifier Bouteflika pour sauver le système."
L'esprit de la "révolution" à sauver
Au fond du couloir, dans un petit studio radio, Yazid et Larbi préparent leurs podcasts en interviewant des avocats, des militants des droits de l’Homme afin d'analyser le mouvement populaire. Mais Yazid explique qu’il n’a pas besoin de spécialiste pour comprendre ce que manigancent les hommes du président. Et selon Larbi, le peuple ne doit pas se laisser amadouer. "J’alerte l’opinion publique sur cette énième mascarade, justement pour essouffler le mouvement, dit-il solennellement. Il faut se concentrer sur la révolution, se mobiliser et donner plus de sens à cette révolution."
Et au RAJ, comme tous les jeudis, la journée est consacrée à la grande manifestation du vendredi.
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