"C'est un message fort et symboliquement très important", affirme un historien après de nouvelles manifestations en Algérie
Partout dans le pays, les Algériens se sont mobilisés pour réclamer une "nouvelle indépendance", vendredi. "C'est un message au monde qui est adressé", constate Kader Abderrahim, historien et maître de conférences à Sciences Po.
Des centaines de milliers de manifestants ont à nouveau battu le pavé dans les rues d'Alger, vendredi 1er novembre, pour réclamer une "nouvelle indépendance", 65 ans jour pour jour après le début de la guerre d'Algérie. Après des mois de protestation et la chute du président Abdelaziz Bouteflika, la mobilisation ne faiblit pas. Une élection présidentielle doit avoir lieu le 12 décembre mais cette annonce est loin de calmer les esprits. "C'est un message au monde qui est adressé", déclare sur franceinfo Kader Abderrahim, historien et maître de conférences à Sciences Po.
"C'est un message fort et symboliquement très important. Un double message pour le pouvoir et pour l'armée", a-t-il souligné. "Et un message adressé au monde puisqu'en en sortant massivement dans toutes les rues du pays, les Algériens ont manifesté à la fois pour leur attachement à leur patrie et pour continuer à rejeter le système politique qui les dirige depuis l'indépendance en 1962".
Une population "qui n'entend plus"
Alors que la prochaine élection présidentielle doit avoir lieu le 12 décembre, les manifestants n'y croient plus. "Il est peu probable qu'il y ait des changements", affirme Kader Abderrahim. "Les 20 ans de règne de Bouteflika ont provoqué un véritable désert politique puisqu'il n'y a plus aucune personnalité politique qui puisse se lever et dire 'j'incarne mon peuple et je veux le représenter'", a-t-il ajouté.
"Les dirigeants sont confrontés en permanence à une population qui n'entend pas et n'entend plus, précisément car elle n'a plus confiance en ces dirigeants", explique le maître de conférence. Plus de 50 ans après son indépendance, la question de la légitimité du pouvoir en Algérie n'est toujours pas réglée, selon lui.
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