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Démission d'Abdelaziz Bouteflika : "Le peuple tient le régime à la gorge, il ne va pas le lâcher"

L'écrivain algérien Yasmina Khadra s'est dit "complètement admiratif devant cette jeunesse" qui manifeste contre le régime.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Manifestation contre le président Abdelaziz Bouteflika à Alger, place de la Grande Poste. Algérie le 29 mars 2019. (KAHINA NAZIR / RADIO FRANCE)

"J'étais convaincu qu'il n'y aurait pas de cinquième mandat", a réagi mardi 2 avril sur franceinfo, l'écrivain algérien, Yasmina Khadra, après l'annonce de la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika après plusieurs semaines de contestation de la rue algérienne. "Le système va essayer par tous les moyens de créer des diversions, mais le peuple est conscient de ces manœuvres-là (...) c'est la première fois de son histoire que le peuple tient le régime à la gorge. Il ne va pas le lâcher", a-t-il ajouté.

franceinfo : quelle est votre première réaction à l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika ?

Yasmina Khadra : J'étais convaincu qu'il n'y aurait pas de cinquième mandat. C'est pourquoi il y a 7 ou 8 mois, nous avions signé un appel au président pour qu'il renonce à un cinquième mandat. Abdelaziz Bouteflika a dû écouter le peuple parce que l'armée ce n'est qu'un acteur comme les autres. Il ne faut pas lui donner une envergure qu'elle n'a pas. Il ne faut pas croire que l'armée décide aujourd'hui. [Le pouvoir algérien] est à l'agonie, mais une bête blessée devient plus féroce. Le système va essayer par tous les moyens de créer des diversions, mais le peuple est conscient de ces manœuvres-là. Il reste lucide et déterminé et il va avoir gain de cause.

Que pensez-vous de ce peuple algérien qui manifeste semaine après semaine ?

Je suis admiratif, cela m'a étonné de la part d'un peuple qui est resté convalescent assez longtemps et qui fait face à ses responsabilités avec beaucoup de détermination, de maturité, de sérénité. Maintenant il faut impérativement trouver quelqu'un qui incarne tout cela. Personne n'émerge et c'est ce qui fait que le système croit encore en ses chances. C'est la raison pour laquelle il joue avec les nerfs du peuple en créant un gouvernement fantoche.

Ceux qui ont été nommés dans le nouveau gouvernement ne représentent personne en Algérie ?

Absolument personne, ils ne représentent même pas eux-mêmes. Ils ne sont pas les acteurs de leur histoire, ils sont les figurants. C'est un gouvernement qui va durer 24 ou 48 heures. Il va disparaître maintenant avec le président démissionnaire. Il y a la jeunesse qui a fait montre d'une vaillance, d'une sérénité, d'une lucidité extraordinaire. Moi-même je suis étonné. Je suis complètement admiratif devant cette jeunesse. Elle n'a pas peur, elle n'a jamais eu peur et elle ira jusqu'au bout. Je voudrais juste que le régime ne soit pas assez lâche pour provoquer des émeutes ou des violences. Avec les mauvais perdants, ils peuvent toujours recourir à la politique de la terre brûlée. Ils doivent comprendre que le peuple est seul souverain aujourd'hui. C'est la première fois de son histoire que le peuple tient le régime à la gorge. Il ne va pas le lâcher. C'est la première fois que le peuple algérien va être totalement indépendant.

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