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"Des limites ont été dépassées" : même à Tlemcen, son fief, la fidélité au président Bouteflika s'émousse

Dans sa circonscription d'adoption, à 500 km à l'ouest d'Alger, franceinfo a pu constater la montée des réticences sur le maintien au pouvoir du président algérien.  

Article rédigé par franceinfo - Kahina Nazir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des partisans du président algérien Abdelazziz Bouteflika le 26 mars 2014, à Tlemcen (Algérie).  (FAROUK BATICHE / AFP)

"Les deux derniers mandats, c’étaient de trop" : à Tlemcen, ville de coeur d'Abdelaziz Bouteflika en Algérie, Zaccaria et Hakim ne mâchent pas leurs mots contre celui qui fut député de la willaya, la circonscription, en 1962, avant de devenir ministre puis chef d'Etat. Même là, le président algérien n'est plus soutenu par tous. 

Le reportage de Kahina Nazir à Tlemcen, en Algérie

Le portrait d'Abdelaziz Bouteflika, souriant, déployé sur la façade de la bibliothèque municipale au centre-ville se décolore avec le temps et perd de sa superbe. Comme le président dans son fief de Tlemcen, au nord de l'Algérie, à 500 km à l'ouest de la capitale. Zaccaria et Hakim refont l'histoire. "Au pire, il aurait dû s’arrêter après le troisième mandat, quand il est tombé malade. À ce moment-là, c’est son frère qui a pris les rênes du gouvernement", analysent-ils. 

Le prix de la "paix sociale"

Manifestation le vendredi, boutiques fermées lors de l’appel à la grève générale : Tlemcen, ville culturelle et choyée, se rebelle. Pourtant, beaucoup étaient fiers d’Abdelaziz Bouteflika notamment pour la loi sur la Concorde civile en 1999 : "On venait de sortir d’une décennie noire. C’était l’espoir parce qu’on était en pleine guerre civile. C’était le sauveur de l’Algérie, du peuple." Les deux amis dressent de Bouteflika un bilan qui n'est pas totalement négatif. "Il a réussi à acheter la paix sociale. Quand il y a eu des révoltes par le peuple, la jeunesse, à chaque fois, il faisait quelque chose pour les calmer", estiment-ils. "Donner aux jeunes de l’argent pour investir, des logements pour calmer la jeunesse... Il y a des choses positives", affirment Zaccaria et Hakim, tout en nuançant très vite ce tableau.

On ne dit pas qu’il n’a rien foutu, mais ils ont gaspillé beaucoup d’argent.

Zaccaria et Hakim

à franceinfo

"L’autoroute est-ouest", cite en exemple l'un des deux habitants de Tlemcen. "Je ne sais pas combien ça a coûté, mais on n’a pas besoin de tout ça, disent-ils. Des limites ont été dépassées. Ce n’est pas moi qui ne peux pas tout lui pardonner, c’est tout un peuple."

La "santé" pour circonstance atténuante 

Les fidèles se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main. Au détour d’une rue de la willaya, Mohamed, 53 ans. "Je l’aime toujours, assume-t-ilC’était un brave type. Il a beaucoup fait pour l’Algérie. Je le soutiendrai toujours. Je fais partie de l’ancienne génération. On a vu ce qu’il a fait après Boumédiène, après la période de la décennie noire."

Il a fait beaucoup de choses pour l’Algérie, mais malheureusement, son état de santé pour l’instant ne lui permet pas d’accéder à un cinquième mandat.

Mohamed, habitant de Tlemcen

à franceinfo

"Sinon, s’il était en forme, je le soutiendrais jusqu’au bout", poursuit Mohamed. La plaie ce n’est pas lui, mais son entourage, conclut-il. 

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