Mobilisations en Algérie : "Ce sont des gamins et des gamines d'une beauté sublime", estime le dessinateur Dilem
Le caricaturiste le plus connu du pays confie à franceinfo sa vision des mobilisations anti-Bouteflika en Algérie depuis plusieurs semaines.
"Il faut vraiment le vivre pour le croire", décrit à franceinfo Ali Dilem, jeudi 21 mars, à la veille d'un nouvel appel à manifester en Algérie, contre le maintien au pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika. Le caricaturiste publie quotidiennement dans le journal Liberté, on peut voir également ses dessins en France, dans Charlie Hebdo et sur TV5 Monde. Depuis un mois, il se concentre sur les manifestations : plus de soixante caricatures dans le quotidien Liberté et sur son fil Twitter, qu’il a spécialement créé pour l’occasion.
#Algerie #Dilem #Bouteflika pic.twitter.com/ED0uTleFq9
— Ali Dilem (@dilem_ali) 13 mars 2019
Dans son appartement à Alger, Dilem passe ses journées à lire, écouter, regarder les informations. Il se lève à 5 heures du matin, termine sa journée à 21 heures. Dans quasiment toutes les pièces de son domicile, il laisse un ordinateur ou une feuille au cas où l'inspiration lui viendrait.
Les manifestations de ces dernières semaines, "ce sont des gamins et des gamines dans les rues d'Alger, qui étaient, d'un point de vue esthétique, d'une beauté sublime. J'ai déjà croqué des massacres en Algérie, j'ai fait des dessins quand il y a eu 400 morts. Mais essayer de rendre justice à travers un dessin à une jeunesse aussi belle, en même temps aussi triste, c'était quand même assez lourd", explique Dilem.
#Alger #Algerie_manifestation #dilem #Bouteflika pic.twitter.com/pNbM7uVHl3
— Ali Dilem (@dilem_ali) 8 mars 2019
"Leur histoire, leur révolte, leur colère"
Lui qui a connu les années noires, l'exil forcé en France dans les années 90 n'espère qu'une chose : que ce mouvement ne soit pas récupéré :"C'est leur histoire, leur révolte, leur colère. Quand je vois aujourd'hui par exemple que l'opposition est en train d'un peu négocier l'après-Bouteflika, j'espère que ce n'est pas le scénario qui se dessine pour l'Algérie de demain."
Quoi qu'il arrive, il promet à coups de crayon de se moquer du président : "On peut même se foutre de sa gueule et le caricaturer, c'est ce que je fais depuis que j'ai commencé mon premier dessin." Rester un commentateur de l'actualité à sa manière, avec beaucoup d'humour et de dérision.
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