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Présidentielle en Algérie : "Le passage en force se fera, Abdelaziz Bouteflika sera réélu"

Abdelaziz Bouteflika a proposé de lancer une consultation nationale et de se retirer après une présidentielle anticipée. Naoufel Brahimi El Mili, professeur à Science Po, évoque sur franceinfo une "négociation de marchands de tapis".

Article rédigé par franceinfo
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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 10 février 2019, dans un bureau de vote cairote. (RYAD KRAMDI / AFP)

Des manifestations de jeunes ont encore eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi dans le centre d'Alger contre la candidature du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à la présidentielle du 18 avril. Il vise un 5e mandat qu'il s'est engagé à ne pas terminer.

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Le président propose de lancer une consultation nationale et de se retirer après une présidentielle anticipée. "On est dans une négociation de marchands de tapis", a estimé sur franceinfo lundi 4 mars Naoufel Brahimi El Mili, professeur à Science Po.

franceinfo : Que pensez-vous de ce qu'a proposé Abdelaziz Bouteflika ?

Naoufel Brahimi El Mili : C'est jouer la montre et cela montre la complexité de la situation. La loi actuelle n'interdit pas à Abdelaziz Bouteflika de se présenter. Il est contesté mais pas isolé. Après 20 ans de pouvoir il a un socle, une clientèle, une base. Pour le moment, les partisans d'Abdelaziz Bouteflika ne se sont pas exprimés. La rue algérienne a dit non au 5e mandat. Le président répond par lettre qu'il n'y aura pas de 6e mandat. On est dans une négociation de marchands de tapis. Ce n'est pas cinq ce sera cinq et demi. Ce n'est pas ce que la rue attend. La contestation pacifique va se poursuivre. Le pouvoir est déterminé et espère convaincre avec sa conférence nationale. Je suis convaincu que le passage en force se fera et qu'Abdelaziz Bouteflika sera réélu parce qu'il n'a pas en face de candidat sérieux.

Va-t-il vraiment laisser le pouvoir comme il le dit ?

Les manifestants en doutent, mais je suis sûr que cette promesse-là sera tenue. Il y a une logique biologique. Dans plusieurs mois, il sera un peu plus fatigué et il y a surtout, indépendamment de son état de santé, cette construction de sortie honorable.

Les manifestants fustigent ceux qui utilisent Abdelaziz Bouteflika et tirent les ficelles. Qui sont-ils ?

C'est difficile à dire de manière nominative. Il y a l'Etat algérien, la technostructure qui tient, le pays est tenu. Le rôle de l'armée est davantage concentré sur les enjeux de politiques régionaux que sur les enjeux internes. Jusqu'à présent, l'armée n'est pas sortie des casernes et il n'y a pas de raisons pour qu'elle en sorte. Les forces de l'ordre, police et gendarmerie, maîtrisent la situation. Après 20 ans de pouvoir, Abdelaziz Bouteflika a des appuis et ces gens-là ne veulent pas perdre les positions acquises.

La communauté algérienne française se mobilise. La France doit-elle faire quelque chose ?

Paris ne peut pas agir. L'Elysée a lancé un signal discret. Il a convoqué l'ambassadeur de France à Alger pour une réunion dans la journée. C'est rare. C'est un signal. Si la France soutient la rue, ce sera de l'ingérence. Si la France soutient le pouvoir, c'est la main de l'étranger. Dans les deux cas, la France ne peut que produire un silence assourdissant.

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