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"Un entre-deux dont on ne sait pas très bien ce qu'il va en sortir" : il y a un an commençait le "Hirak" en Algérie

Les Algériens maintiennent leur mobilisation populaire et pacifique chaque vendredi depuis un an.

Article rédigé par Christian Chesnot - édité par Timour Ozturk
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La manifestation du vendredi 14 février 2020 à Alger. (RYAD KRAMDI / AFP)

Le 16 février 2019, les Algériens lançaient les premières manifestations d'ampleur pour s'opposer à un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. C'est le début d'une mobilisation, le "Hirak", qui va s'étendre à toutes les grandes villes, mettre des millions d'Algériens dans les rues et pousser le vieux président devenu grabataire à renoncer, sous la pression croisée de l'opinion publique et de l'armée. Un an plus tard, un nouveau président a été élu et un gouvernement a été formé, mais cette nouvelle équipe n'a pas convaincu les Algériens.

Depuis le début du Hirak, plusieurs têtes du pouvoir algérien sont tombées. Des gros bonnets de l'ancien régime croupissent en prison, comme Saïd Bouteflika, frère et influent conseiller de l'ancien président, ou encore le général Mohamed Médiène, dit Toufik, anciennement le tout puissant chef du Département du renseignement et de la sécurité. Il y a aussi d'ancien ministres ou de grands patrons.

"L'âge de raison"

Mais la rue algérienne ne veut pas d'un ravalement de façade. Les contestataires exigent un véritable changement politique de fond, explique depuis Alger, le journaliste Khaled Drareni : "Ce premier anniversaire sera sans doute l'âge de raison du Hirak, mais ce sera surtout l'occasion pour le Hirak d'investir le champ politique." Khaled Drareni estime qu'en une année, la rue a réussi à établir un rapport de force avec le pouvoir : "Ce qui a été obtenu c'est que le système algérien, qui est toujours en place, ne peut aujourd'hui plus faire ce qu'il pouvait faire avant."

Il y a désormais un référendum hebdomadaire : c'est chaque vendredi.

Khaled Drareni

à franceinfo

Chaque vendredi, hommes, femmes et enfants sont toujours au rendez-vous du cortège hebdomadaire du "Hirak", à Alger et dans les grandes villes. Après un an de manifestations pacifique, ce mouvement de mobilisation a plongé l'Algérie dans "un entre-deux"  analyse pour sa part Kader Abderrahim, universitaire et auteur de Géopolitique de l'Algérie, son dernier ouvrage. "Je dirais qu'on est dans un clair-obscur. Sans vouloir citer Gramsci, il y a un ancien monde qui était incarné par Bouteflika et son clan et puis il y a un nouveau monde qui arrive, avec un nouveau patron pour l'armée, un nouveau président, un nouveau chef de gouvernement. On est dans cet entre-deux dont on ne sait pas très bien ce qu'il va en sortir." 

L'Algérie doit affronter un double défi, politique et économique, avec de nombreux indicateurs dans le rouge, comme la dette publique qui s'envole. Le nouveau Premier ministre, Abdelaziz Djerad, vient de présenter au Parlement  son "pacte pour une nouvelle République" pour "assainir l'héritage catastrophique de l'ère Bouteflika". Un plan de sortie de crise qui n'a pas convaincu la rue algérienne.

Le reportage de Christian Chesnot

 

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