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La déclaration d'amour du photographe Lotfi Mokdad à l'Algérie et à sa population

Il a parcouru le pays pendant près de huit ans, à la rencontre de ses habitants. Un regard authentique, puissant. franceinfo Afrique l'a interviewé.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Dans la Casbah d’Alger, cette petite fille court sur un parapet devant le drapeau algérien sur lequel est écrit "One, Two, Three, viva l’Algérie !" (Lotfi Mokdad)

Dire, narrer un pays, à travers le quotidien, c’est le choix du photographe-réalisateur Lotfi Mokdad. Des scènes de vie, réunies dans un livre (Les Algériens !, Pera Melana éditions), saisies par un objectif empathique.

Franceinfo : la Révolution du sourire, ou le Hirak, est-elle une belle opportunité pour un photographe ?

Lotfi Mokdad : ce mouvement marque une vraie rupture en Algérie. Les Algériens ont dit non au cinquième mandat, et en faisant cela, ils ont ouvert un nouveau chapitre de l'histoire de ce pays. J'étais à Alger le 22 février dernier et j'ai réalisé à quel point les aspirations de la population à une nouvelle République étaient fortes. Mon livre ne se limite pas à couvrir ces événements, c’est une œuvre de longue haleine, une démarche artistique qui a commencé quelques années auparavant. Je connaissais l'Algérie pour y avoir terminé mes études secondaires. En 2011, j'ai décidé de parcourir le pays. J'y ai beaucoup voyagé, mais pas encore assez à mon goût. Mais surtout, il fallait aussi que je découvre l'Algérien que j’étais, puisque mon père était algérien.

"Omar est un peu le chef du bidonville, il y vit depuis 1990. Son regard est triste, sans illusions, presque accusateur. Il me conduit, me montre la misère, celle qu’il partage avec les autres habitants." (LOTFI   MOKDAD)

Pourquoi ce titre Les Algériens ! et ce choix du noir et blanc ?

Le titre Les Algériens ! est un slogan scandé dans la rue. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu ajouter le point d'exclamation. Lors d'événements heureux comme une célébration "footballistique", par exemple, la foule scande : Les Al…gé…riens ! Les Al…gé…riens ! Des milliers de personnes accompagnent le slogan en faisant tourner leurs mains au-dessus de la tête. C'est très émouvant.

Dans la Casbah d’Alger, cette petite fille court sur un parapet devant le drapeau algérien sur lequel est écrit "One, Two, Three, viva l’Algérie !" (Lotfi Mokdad)

Et le choix du noir et blanc ?

Le noir et blanc est un choix délibéré qui apporte une vraie esthétique à mes photos, une ambiance surannée aux petits métiers, aux loisirs, à l'architecture postcoloniale... Le noir et blanc permet aussi de se concentrer sur des sujets sur lesquels j'essaie d'attirer une attention particulière. Le noir et blanc et ses nuances de gris reflètent aussi la vie quotidienne des Algériens qui, au fond, n'est pas toujours facile. Mon livre est un témoignage, un hommage à ce pays que j'adore et à sa population.

"Un ksar à Timimoun" (LOTFI   MOKDAD)

Vous avez aussi préféré la couleur pour les paysages…

Comme nous préférons les jours de beau temps à ceux où il fait grisâtre, nous avons commencé le livre en couleur, les couleurs des grands paysages de cette terre incroyablement belle et de dimension fantastique, une dimension tellurique originelle, vierge, qui garde toute sa puissance.

(Les Algériens !, Lotfi Mokdad, Pera Melana éditions, septembre 2019)

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