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22 février 2019 : il y a six mois, l’Algérie se soulevait contre ses dirigeants

Depuis 26 semaines, tous les vendredis, les Algériens descendent dans la rue pour réclamer un changement radical du régime. Après six mois de manifestations, pouvoir et contestation sont dans l'impasse. 

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Des manifestants algériens à Alger lors du 26ème vendredi consécutif de protestation, le 16 août 2019.  (RYAD KRAMDI / AFP)

C’est l’impasse politique. L’Armée, véritable détentrice du pouvoir en Algérie, refuse toute idée de transition et exige une élection présidentielle. Les manifestants réclament un changement de régime avec le départ de tous les anciens dirigeants. Les deux camps sont dans une situation de blocage. Le Hirak, mouvement de protestation, est loin de s’essouffler, malgré les vacances et la canicule.

La situation évolue et le conflit s’arrêtera lorsque l’un des deux protagonistes réalisera qu’il ne pourra pas gagner. Et je pense que ce sera l’état-major. Les généraux tenteront de sauver ce qui peut l’être, mais tôt ou tard, ils finiront par rendre le pouvoir souverain aux civils.

Lahouari Addi, professeur de sociologie à l’IEP de Lyon

à El Watan

Le mandat de trop

"Tout a commencé lorsque, le 22 février, les Algériens, outrés par les perspectives d’un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, perspective qui se mettait visiblement en place, sont sortis en masse dans les rues d’Alger et dans les grandes villes du pays scandant le refus de cette éventualité", rappelle le quotidien Reporters

Résultat : sous la pression populaire et celle du chef de l'état-major, Gaid Salah, le  président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et briguant un 5e mandat, qui apparaissait inéluctable, démissionne. La prison d'El Harrach, banlieue d'Alger, voit défiler anciens Premiers ministres, ministres et représentants de l'oligarchie.

Quel dialogue ? 

Présidentielle contre constituante. Les autorités n'acceptent de parler que de l'organisation d'une présidentielle devant élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Seule solution, selon elles, pour sortir le pays de l'impasse institutionnelle née de l'impossibilité d'organiser le scrutin initialement prévu le 4 juillet, faute de candidat. 

Les Algériens refusent une élection qui conduise à la reproduction du système.

Louisa Dris-Aït Hamadouche, professeure de Sciences politiques à l'Université d'Alger

à l'AFP

Pour tenter de faire accepter la présidentielle, le pouvoir a confié le soin d'en définir les modalités à une instance consultative ad hoc, Panel, mais celle-ci peine à se forger une légitimité et, chaque vendredi, les manifestants la vouent aux gémonies. 

La mission du panel, en mettant la pression pour aboutir à une élection présidentielle aussi rapidement, n’a qu’un seul but : diviser et casser le Hirak.

Ali Yahya Abdenour, défenseur des droits de l'Homme

à Liberté

Quels scénarios désormais?

Les positions sont figées. Le pouvoir, qui a parié sur l'essouffement du mouvement, ne peut que constater que la mobilisation est toujours importante. 

Le scénario d’une intervention brutale de l'armée, comme en 1988 - lors des émeutes ayant débouché sur le multipartisme - ou en 1992, lors de l'interruption du processus électoral, semble peu crédible. 

Aucun signe n'annonce une inflexion des protestataires qui commencent à appeler à d'autres formes d'actions : désobéissance civile, ville morte, etc...

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