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L’Algérie et le Venezuela déstabilisés par l’effondrement des cours du pétrole

Un baril de pétrole sous les 35 dollars, en chute de 60% depuis 2014. Une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais une mauvaise pour les pays producteurs de pétrole, dont certains sont au bord de l’implosion. Avec un pétrole à 100 dollars, l’Algérie et le Venezuela pouvaient acheter la paix sociale, ce n'est plus possible aujourd'hui. Deux régimes déjà minés par une crise politique rampante.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, s'entretient à Alger avec le président Abdelaziz Bouteflika (janvier 2015). (Reuters/ Miraflores palace)

Le ralentissement de la croissance chinoise et la montée du gaz de schiste américain ont fait chuter les prix du pétrole qui est passé en deux ans de 114 dollars à 32 dollars. L’Algérie et le Venezuela souffrent particulièrement de la dégringolade des cours, qui fragilise un peu plus des régimes politiques en fin de règne.
 
La bombe à retardement algérienne
L’Algérie a pris l’habitude de financer son budget courant par le pétrole et le gaz. Avec un prix du baril à 30 dollars, ce modèle ne peut que s’effondrer. Le prix ne couvre déjà plus les dépenses algériennes.
 
Les réserves de change ont fondu de 35 milliards de dollars en 2015. A ce rythme, le pays s’achemine vers un déficit budgétaire de 40 milliards de dollars en 2016. Le temps des vaches grasses est terminé. Depuis le 1er janvier 2016, le prix de l’essence, de l’électricité et du gaz ont augmenté de 30%. Les importations de véhicules seront réduites de moitié en 2016. De nombreux budgets d’équipement sont suspendus.

Avec un pétrole à 80 dollars, le chômage touchait près de la moitié de la population active. Chaque année, un million d’étudiants sortent de l’université. Sans travail dû au manque d’entreprises et de services, ils risquent de rejoindre les nombreux laissés pour compte, que cherchent à récupérer les groupes islamistes toujours actifs. La baisse des subventions sur les produits de base pourrait être l’étincelle qui met le feu aux poudres, dans un pays aujourd’hui tétanisé par la guerre de succession qui se joue déjà autour du président Bouteflika.
 
L’Algérie, rare pays arabe avec le Maroc à avoir échappé aux Printemps arabes, risque d’être déstabilisée par cette succession politique incertaine doublée d’un effondrement des revenus pétroliers. L’Algérie reste avec le Maroc, l’un des pôles de stabilité dans un monde arabe – de la Libye à la Syrie – en proie au désordre et à la violence. Une crise politique et une reprise de la guerre civile ne seraient pas sans conséquence pour la France, en première ligne, en raison des liens historiques qui lient les deux pays.
 
Le Venezuela au bord de la guerre civile
Le Venezuela est lui aussi confronté à une grave crise économique et politique. Le pétrole représente 95% des exportations du pays, et plus de 50% de ses recettes publiques.

La chute du prix du brut sous les 40 dollars est une catastrophe pour ce pays en récession depuis deux ans qui vit déjà à l’heure des pénuries et des files d’attentes. Cela fait un an que la banque centrale ne publie plus ni le taux de croissance, ni celui de l’inflation estimée à 120% en 2015.

L’équilibre budgétaire est établi sur la base d’un pétrole à 100 dollars. Chaque dollar en moins signifie une perte de 700 millions pour Caracas. A ce rythme, le pays perd 40 milliards de dollars par an. Il serait au bord de la banqueroute avec moins de quatre mois de réserves de change. Une situation aggravée par la dévaluation de la monnaie. Le bolivar s’est écroulé face au dollar, rendant les importations hors de prix. Les pénuries alimentaires et de médicaments s'aggravent. 
Longue attente devant un supermarché de Caracas (août 2015). Le pays manque de devises pour financer ses importations. (Reuters/Carlos Garcia Rawlins)

Cette déroute économique qui s’ajoute à la répression politique explique en grande partie la victoire de l’opposition libérale qui a obtenu les deux tiers des élus aux élections législatives. Face à cette situation de double pouvoir, le président Maduro, successeur d’Hugo Chavez, ne semble pas décidé à laisser sa place. Une situation dangereuse qui risque de déboucher rapidement sur une grave crise politique.
 
Pour le moment le pays tient grâce au soutien de la Chine. Caracas à obtenu de Pékin 50 milliards de dollars de prêt et 20 milliards d’investissements, remboursables en pétrole. Sans ce ballon d’oxygène, le pays basculerait dans le gouffre.
 

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