"Plan machiavélique", "sévère mise en garde"... L'ambassadeur de France en Algérie convoqué pour des accusations de "déstabilisation" du pays

Plusieurs grands médias algériens rapportent une "sévère mise en garde" à la France, accusée d'avoir mené "des opérations et manœuvres agressives ciblant des institutions de la République algérienne dans le but évident de les déstabiliser et de nuire gravement à notre pays".
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, à Alger le 27 août 2022 (ALGERIA PRESS PHOTOS / MAXPPP)

Nouvelles tensions entre la France et l’Algérie. Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de France à Alger pour adresser "une sévère mise en garde" à Paris, accusée d'avoir mené "des opérations et manœuvres agressives" pour "déstabiliser" le pays, ont rapporté plusieurs journaux algériens, dimanche 15 décembre.

L'ambassadeur Stéphane Romatet s'est ainsi vu "signifier la ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l'Algérie", écrit le quotidien gouvernemental El Moudjahid, qui estime que cette convocation "sonne comme une sévère mise en garde, qui intervient au lendemain de graves révélations sur l'implication [de la] DGSE, dans une campagne de recrutement d'anciens terroristes en Algérie à des fins de déstabilisation" du pays.

Des accusations contre la DGSE

C'est en réalité un documentaire diffusé par la télévision nationale EPTV et sur la chaîne publique d'information en continu AL24 News, le 7 décembre dernier qui a mis le feu aux poudres. Cette émission affirmait qu'un "plan machiavélique" de la DGSE, "brillamment déjoué par les services de sécurité algériens", consistait à recruter d'anciens terroristes.

Selon Le Soir d'Algérie, la partie algérienne a "tenu de vive voix à désigner clairement l'origine de ces actes malveillants, la DGSE française (Direction générale de la sécurité extérieure)". L'agence de renseignement aurait, selon ce journal, mené un certain nombre d'"opérations et de manœuvres agressives ciblant des institutions de la République algérienne dans le but évident de les déstabiliser et de nuire gravement à notre pays". 

L'ambassadeur français s'est aussi vu reprocher des "faits tout aussi graves, des dérapages qui ne relèvent plus seulement de l'acte inamical, mais bien d'une volonté notoire de nuire grandement à l'Algérie", assure Le Soir d'Algérie. Il s'agit de "rencontres organisées dans les murs de plusieurs représentations battant pavillon français en Algérie et reconnues comme telles, réunissant, autour de diplomates français de rangs divers, principalement des agents consulaires relevant de la DGSE, des personnes connues pour leur hostilité déclarée et permanente envers les institutions algériennes", selon ce journal. 

Des accusations "infondées et fantaisistes" a dénoncé le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur France Inter, dimanche. 

Ce nouvel épisode de tensions entre Alger et Paris survient alors que Boualem Sansal est en détention depuis près d'un mois en Algérie, notamment pour "atteinte à l'intégrité territoriale". Interpellé le 16 novembre à Alger, l'écrivain franco-algérien est interrogé après des déclarations sur un média français réputé d'extrême droite où il reprenait la thèse du Maroc selon laquelle son territoire aurait été tronqué en faveur de l'Algérie sous la colonisation française.

Les relations franco-algériennes étaient déjà en pleines turbulences, l'Algérie ayant retiré son ambassadeur en France cet été après l'annonce par Paris d'un soutien appuyé à un plan sous souveraineté marocaine pour l'autonomie du Sahara occidental, un territoire revendiqué par les indépendantistes du Front Polisario soutenus par Alger. L'année 2022 semble donc bien loin, quand les deux pays avaient signé, avec les honneurs, une déclaration pour un partenariat renouvelé. 

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