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Vidéo Guerre d'Algérie : le fils de Maurice Audin appelle les témoins de l'époque à "dire la vérité" et à "transmettre les documents"

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Article rédigé par franceinfo
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Pierre Audin a expliqué, vendredi sur franceinfo, attendre de connaître la vérité après la reconnaissance historique par Emmanuel Macron de "la responsabilité de l'État dans la disparition" de Maurice Audin

Pour le fils de Maurice Audin"c'est le début d'une nouvelle étape", a-t-il expliqué, vendredi 14 septembre sur franceinfo. Emmanuel Macron a franchi un nouveau pas dans le travail de mémoire sur la guerre d'Algérie, jeudi, en demandant pardon à Josette Audin pour la mort sous la torture de son mari Maurice, à Alger, en 1957. 61 ans après les faits, le chef de l'État a reconnu que ce militant communiste arrêté par l'armée française avait été victime "du système institué alors en Algérie par la France". Désormais, son fils Pierre Audin appelle les témoins de l'époque à "dire la vérité" et à "transmettre les documents qui permettront de savoir, pour mon père et pour des milliers d'autres, ce qui est arrivé précisément".

franceinfo : Pour la première fois, un chef de l'État français a demandé pardon à votre famille en reconnaissant que la France avait bien commis des tortures en Algérie. Êtes-vous soulagé ?

Pierre Audin : Un petit peu, c'est le début d'une nouvelle étape. Ce qui est important, c'est que le président de la République a reconnu que la torture était un système qui était essentiellement une arme politique, qui ne servait qu'à terroriser la population et qu'il décide d'ouvrir les archives concernant tous les disparus, pas seulement mon père. Le président fait appel à un certain nombre de témoignages possibles, soit des témoins directs soit des archives ou des choses qui seraient détenues par des privés.

Il faut absolument que les témoins de l'époque parlent aujourd'hui ?

Tout à fait et ils peuvent le faire librement. Tout est prescrit et tout est amnistié depuis longtemps. Désormais, il faut dire la vérité et transmettre les documents qui permettront de savoir, pour mon père et pour des milliers d'autres, ce qui est arrivé précisément.

Il aura tout de même fallu 61 ans pour que l'État reconnaisse une forme de responsabilité.

Oui, c'est un peu surprenant qu'il faille tout ce temps-là pour ça. C'est une vie qui est passée. Si on regarde d'autres affaires, l'affaire Dreyfus par exemple, il n'a pas fallu attendre 60 ans pour dire ce qui s'était vraiment passé.

Votre mère Josette était là quand les paras sont venus arrêter votre père à Alger. Elle n'a jamais cru à la version officielle, celle d'une évasion de votre père, dont on n'aurait jamais retrouvé le corps.

Il est tout à fait clair à l'époque que quand les militaires annonçaient que quelqu'un s'était évadé cela voulait dire qu'il avait été assassiné. C'était un langage codé, mais dans le système de terreur qui régnait à Alger à ce moment-là, il est tout à fait clair que c'était ce que ça voulait dire. Il n'y avait pas d'ambiguïté. Ce qui est assez étonnant, c'est que dans ce cas précis, ils ont carrément été jusqu'à mimer une scène d'évasion. Ils ne sont pas très bons. Ils sont militaires, ils ne sont pas acteurs.

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