Kenya : les questions sans réponse après l'attaque du Westgate
Trois jours après la fin du siège, on ignore toujours le bilan exact de l'attaque du centre commercial et l'identité des terroristes. Explications.
Les armes se sont tues depuis trois jours, mais beaucoup de questions sur l'attaque terroriste du centre commercial Westgate à Nairobi (Kenya) restent en suspens. Lors d'une conférence de presse, vendredi 27 septembre, le ministre de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku, a annoncé que trois suspects avaient été relâchés et que l'enquête progressait.
Mais il est resté muet sur le bilan de l'attaque ou l'identité des assaillants. Francetv info dresse la liste des questions qui restent sans réponse.
Combien de personnes ont été tuées ?
Officiellement, le bilan provisoire de l'assaut du commando des shebabs est de 61 civils et six policiers tués. Quelque 240 personnes ont également été blessées. Mais d'après la Croix-Rouge, 61 personnes sont toujours portées disparues. Certaines pourraient se trouver sous la partie du toit du centre commercial qui s'est effondrée pendant l'assaut.
"Maintenant, le défi, c'est de soulever ces trois niveaux et de regarder ce qu'il y a dessous", explique Jean-Michel Louboutin, directeur exécutif des services de police d'Interpol. Mais le ministre de l'Intérieur kényan a semé le trouble vendredi, en assurant qu'aucun corps n'avait été retrouvé ces derniers jours, et qu'il n'y avait pas à sa connaissance de personnes disparues.
Qui sont les assaillants ?
Alors que l'on s'interroge sur l'implication d'une Britannique, la "veuve blanche", dans l'attaque, l'identité et la nationalité des cinq assaillants tués et des huit personnes encore détenues par la police après les libérations de vendredi restent inconnues. Comme le souligne France 24, les autorités kényanes n'ont même pas précisé si ces détenus avaient été interpellés à l'intérieur du centre commercial ou s'il s'agissait de complices arrêtés à l'extérieur. Concernant les corps, le ministre de l'Intérieur a indiqué que les examens médico-légaux pourraient durer une semaine.
Enfin, si les autorités kényanes ont assuré tout au long du siège qu'aucun assaillant ne pouvait s'échapper, des témoignages sèment le doute. Selon le New York Times (article en anglais), au moins un membre du commando aurait changé de vêtements et lâché ses armes pour se fondre dans la foule des fuyards. CNN (en anglais) raconte qu'une des prétendues victimes du centre commercial a été démasquée par la police lorsque des munitions sont tombées de sa poche lors de son évacuation.
Où sont passés les otages ?
Au plus fort de la crise, les forces de l'ordre justifiaient la longueur du siège par la présence d'un nombre indéterminé d'otages aux mains des terroristes. Une fois le siège terminé, rien n'a filtré sur leur sort. Selon France 24, les responsables hospitaliers de Nairobi ont assuré qu'aucun blessé en provenance du centre commercial n'avait été pris en charge le 22 septembre, date de la fin de l'assaut.
Et les détails qui commencent à émerger sur l'intervention laissent craindre le pire. Deux soldats impliqués dans l'opération ont raconté à l'AFP qu'ils avaient tiré deux obus anti-char de 84 mm pour détruire la chambre forte où se cachaient les derniers islamistes. "Parfois, il faut utiliser la manière forte pour sauver d'autres vies", explique l'un d'eux, sans exclure des "dommages collatéraux", en référence à d'éventuels otages.
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