Au Kenya, le début de la présidentielle entaché par des violences
Au moins douze personnes sont mortes dans la nuit alors que les bureaux de vote ont ouvert dans la matinée pour une série d'élections.
Scrutins sous haute tension au Kenya. Après une nuit marquée par la mort d'au moins 12 personnes, dont 6 policiers, sur la côte, les bureaux de vote ont ouvert lundi 4 mars pour les élections générales. Environ 14,3 millions de Kényans doivent élire leur président ainsi que notamment leurs députés, sénateurs, et gouverneurs. Francetv info fait le point sur les enjeux de ces élections.
Attaques au fusil ou à l'explosif
Des violences ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi sur la côte. Selon le chef de la police kényane cité par l'AFP, "six policiers et six assaillants ont été tués " lors de deux affrontements armés dans la nuit. L'un a eu lieu dans le quartier de Changamwe à Mombasa et l'autre à Kilifi, localité côtière située à une cinquantaine de kilomètres plus au nord. Le Conseil républicain de Mombasa (MRC), un mouvement sécessionniste régional, est soupçonné par les autorités d'être à l'origine de ces violences.
L'agence Reuters avance pour sa part un bilan de 17 tués dans ces deux agressions : neuf membres des forces de l'ordre, deux civils et six agresseurs.
L’ombre de la crise de 2007
La précédente présidentielle, fin 2007, avait été marquée par de terribles violences qui restent dans tous les esprits. L’annonce de la victoire de Mwai Kibaki, l’actuel président, avait déclenché une violente contestation et des affrontements politico-ethniques sans précédent. Plus d'un millier de personnes avaient été tuées et plus de 600 000 déplacées.
"La commission [électorale] avait été incapable d’empêcher les fraudes grossières de la part des deux camps, puis avait résolument pris le parti du président Mwai Kibaki, précipitant les foules dans la rue", rappelle Libération (article payant). Cette fois, la Commission électorale indépendante s’est engagée à livrer rapidement les résultats grâce à un coûteux système de transmission électronique. Les candidats ont promis d'accepter le verdict des urnes et sont invités à régler tout litige devant les tribunaux.
Deux candidats au coude-à-coude
Les deux favoris de l’élection présidentielle sont l'actuel Premier ministre, Raila Odinga, et le vice-Premier ministre, Uhuru Kenyatta. Raila Odinga était l'adversaire malheureux du président sortant Mwai Kibaki en 2007. Pour lui, ce scrutin est probablement sa dernière chance d'accéder à la présidence après sa courte défaite cinq ans plus tôt. La crise post-électorale avait été réglée par un accord de partage du pouvoir entre Mwai Kibaki, à la tête de l'Etat, et Raila Odinga, à la tête du gouvernement.
Uhuru Kenyatta, fils du premier président kényan, Jomo Kenyatta, est sous le coup d'une inculpation de la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle d'instigateur des violences de l'hiver 2007-2008. Sa défaite pourrait signifier une comparution devant le tribunal de La Haye pour crimes contre l'humanité. Raila Odinga et Uhuru Kenyatta sont au coude-à-coude dans les sondages, "ce qui rend plus que probable un second tour et exacerbe les tensions", indique Libération.
Un scrutin test
Pour beaucoup, ces scrutins ont valeur de test. "Un vote pacifique est crucial pour rétablir la réputation du Kenya comme un bastion de stabilité dans la région après le vote désastreux en décembre 2007", selon CNN (en anglais). Les Etats-Unis, qui ont dépensé depuis 2010 plus de 35 millions de dollars (27 millions d'euros) pour soutenir la réforme électorale et plus de 90 millions de dollars (69 millions d'euros) pour la réforme constitutionnelle, estiment que le moment est venu pour le pays "d'accomplir un nouveau pas courageux en mettant en œuvre sa nouvelle constitution et en renforçant sa démocratie".
Quelque 23 000 observateurs, dont 2 600 observateurs internationaux, devaient être déployés à travers le Kenya pour surveiller le déroulement du scrutin, selon le président de la Commission électorale indépendante. Les premiers résultats sont attendus dans les heures suivant la fermeture des bureaux en fin d'après-midi, même si la Commission électorale a sept jours pour proclamer le résultat officiel.
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