Ban Ki-moon attendu au Darfour
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se rendait mercredi de la ville soudanaise de Juba au Darfour, dans le cadre de ses efforts pour hâter la fin de la tragédie qui ensanglante cette province et fait honte à la communauté mondiale depuis quatre ans.
Pour y parvenir, M. Ban pousse de toutes ses forces au déploiement le plus rapide possible au Darfour de la Minuad, une force hybride ONU-Union africaine (UA) devant pacifier cette région de l'ouest du Soudan grande comme la France et déchirée par la guerre civile.
Le chef de l'ONU effectue depuis lundi une visite officielle de trois jours au Soudan, pour porter ce message à toutes les parties concernées, avant de se rendre au Tchad vendredi et en Libye samedi, également pour parler du Darfour.
A El-Facher, la capitale du Darfour-Nord, M. Ban devait rencontrer le wali (gouverneur) de la région, des représentants des personnes déplacées de tous les camps, des représentants de la société civile et des chefs traditionnels.
Il devait aussi se rendre sur le site où sera installé le futur quartier général de la Minuad, avant de repartir en soirée pour Khartoum où il aura jeudi des entretiens politiques.
La mise en place de la Minuad, qui avec 26.000 hommes sera la plus importante mission de maintien de la paix au monde, a été décidée le 31 juillet par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1769. Son déploiement total n'est toutefois pas attendu avant le milieu de 2008.
La décision est venue après des mois d'efforts diplomatiques intenses de la communauté internationale, notamment de M. Ban lui-même, pour faire accepter cette force par le président soudanais Omar el-Béchir.
Fort de cet accord arraché aux forceps, le chef de l'ONU veut aller vite pour faire enfin cesser ce conflit, qui a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis février 2003, selon l'ONU. Khartoum conteste ces chiffres, parlant de 9.000 morts seulement.
"Pendant trop longtemps, la communauté internationale a assisté sans rien faire (à ce drame), comme un témoin impuissant. Ceci est en train de changer", a-t-il dit mardi dans un discours à l'université de Juba, dans le sud du Soudan.
Il a indiqué à la presse que lors d'un entretien en tête-à-tête avec le président Béchir lundi soir à Khartoum, ce dernier lui avait promis de "faciliter" le déploiement de la force sur les plans "administratif et logistique".
Soulignant qu'"il n'y a pas de temps à perdre" et que "la coopération du gouvernement est essentielle", il a dit qu'il "appréciait l'engagement de M. Béchir à coopérer pleinement".
A plusieurs reprises depuis son arrivée au Soudan, M. Ban a répété qu'il ne peut y avoir de "solution militaire" au Darfour et que "la violence doit cesser", allusion à une récente escalade des violences dans la province, qu'il a vigoureusement condamnée.
Outre le maintien de la paix avec la Minuad, M. Ban veut agir sur les plans politique et du développement. Depuis une semaine, il a lancé plusieurs appels à une vigoureuse relance des négociations de paix et son envoyé spécial chargé de ce volet du dossier, Jan Eliasson, l'accompagne dans ce voyage.
En tandem avec son homologue de l'UA Selim Ahmed Selim, M. Eliasson s'efforce de ramener à la table des négociations les nombreux groupuscules rebelles du Darfour qui n'ont pas signé l'accord de paix d'Abuja en mai 2006. Ces groupes se sont entendus en août à Arusha (Tanzanie) pour présenter une plateforme de revendications commune, premier pas vers une reprise du dialogue.
Mais un influent dirigeant rebelle, Abdulwahid Nour, a boycotté cette réunion et M. Ban l'a appelé à sortir de son isolement.
Côté développement, M. Ban veut que la communauté internationale apporte une aide financière substantielle au Darfour dans des domaines essentiels comme les voies de communication, la santé et surtout l'eau, denrée rare dans cette région désertique et l'une des causes profondes du conflit.
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