Bénin : une cartographie numérique accessible en ligne
Le Bénin a enfin une cartographie complète du pays, et cela à une échelle jamais atteinte en Afrique francophone. Un outil de développement économique indispensable.
La technologie du GPS démontre chaque jour l’importance de la cartographie. Au Bénin, deux exemples attestent que l’amélioration des cartes est indispensable au développement.
Le premier est un programme qui remonte à 2013. L’Union européenne et le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud) appuient un projet de 5,2 milliards de francs CFA (huit millions d’euros) dont le but visé était de renforcer la politique de conservation et de gestion des forêts. Mais cela nécessitait de refaire une carte du pays, devenue obsolète car remontant aux années 50. Et d’atteindre une échelle au 1/50 000e (1 cm=500 m) jamais utilisée jusqu’alors.
En 2017, 15 500 photos aériennes sont disponibles. Réalisées en deux ans, elles couvrent les 115 000 km² du territoire. Dès qu’une zone était numérisée, une équipe allait sur le terrain pour valider les limites des communes, vérifier les noms, etc.
Cette carte est donc conçue comme un outil de développement et déjà elle fait apparaître une profonde mutation du pays. Avec 11 millions d’habitants, le Bénin s’urbanise. "On va mieux connaître nos espaces nationaux et mieux planifier nos projets", explique à l’AFP le directeur général des Eaux, Forêts et Chasse, Aristide Adjademe.
Map et Jerry
Comme en écho, toujours au Bénin, une opération de cartographie a été réalisée dans le quartier populaire de Ladji à Cotonou. Un bidonville sur l’eau qui n’est même pas répertorié sur les cartes, mais pourtant bien visible sur des images satellites. L’habitat s’y est développé de façon informelle. 7000 personnes vivent là, dont une partie dans des cases sur pilotis. C’est dans ce contexte qu’est né le projet Map et Jerry. Proposer à la population locale de cartographier son habitat.
La cartographie Google ne fait pas apparaître l'habitat lacustre de Cotonou visible sur la photo satellite.
"Nous postulions qu’être sur la carte, c’est faire partie de la ville, et donc être reconnu d’abord comme citadin, pour ensuite revendiquer certains droits de citoyens", expliquent les initiateurs du projet. Pourtant, ils reconnaissent que les retombées sont limitées. Mais dans la mutation prévue du quartier (percement routier notamment), les habitants espèrent ne plus être des invisibles et ainsi arriver à faire valoir leurs droits.
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