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Le trafic meurtrier des ânes africains explose du Burkina à l’Afrique du Sud

Le commerce des ânes explose dans plusieurs pays africains. En Afrique du Sud, le trafic de leurs peaux, exportées souvent illégalement vers la Chine, a fait de ces animaux une matière première très recherchée au même titre que la défense d’éléphant. Au Burkina, leur survie est sérieusement menacée au point que les autorités de ce pays ont interdit leur exportation massive vers l’Asie.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

Dans la province sud-africaine du Nord-Ouest, les habitants du village de Mogosoni sont formels. Leurs ânes sont devenus depuis deux ans la cible de gangs qui les traquent dans les chemins, les champs et jusque dans les étables.
 
«Les voleurs veulent simplement leurs peaux. Jusque là, les ânes se promenaient en toute liberté. Mais maintenant on a tous peur de ce qui peut leur arriver», explique un fermier à l’AFP.
 
Des supposés vertus médicinales
Les animaux sont en général volés aux fermiers puis battus à mort à coups de marteaux ou écorchés à vifs. Des milliers d’ânes ont été tués ces dernières années dans plusieurs régions d’Afrique du Sud, pour récupérer leur peau, réputée en Chine pour de supposées vertus médicinales.
 
Riche en gélatine, la peau d’âne est utilisée dans la médecine traditionnelle pour lutter contre les insomnies ou pour retarder la ménopause. La viande d’âne alimente, elle, les restaurants du nord de la Chine. Un commerce qui se chiffre en millions de dollars.
 
Des milliers de peaux prêtes à partir pour la Chine
La police sud-africaine a récemment trouvé des milliers de peaux d’ânes entassées dans des hangars, prêtes à partir pour la Chine, et arrêté plusieurs personnes. Ce commerce a suscité l’émoi en Afrique du Sud, en particulier dans le monde rural, où l’âne est indispensable pour tirer les charrettes dans lesquelles sont chargées toutes sortes de marchandises.
 
«Les emplois sont rares ici, les ânes sont une source de revenus. Si rien n’est fait, ce village n’aura bientôt plus d’ânes», s’inquiète un habitant interrogé par l’AFP.
 
Le prix des ânes a sensiblement augmenté en raison de ce négoce hors la loi. Il est passé de 29 euros à 150 euros, renforçant l’appétit des trafiquants prêts à tout pour se procurer ces animaux.
 
Le Burkina veut mettre fin au massacre
Si aucune loi en Afrique du Sud ne réglemente l’exportation de produits dérivés issus des ânes, le Burkina Faso a pris les devants pour protéger ces animaux.
Le gouvernement a adopté en août 2016 un décret réglementant l’abattage et interdisant l’exportation des ânes et de leurs produits.
 
Le décret précise que «tout abattage doit se faire dans un abattoir reconnu officiellement». Il interdit de transporter d’une localité à une autre à l’intérieur même du territoire du Burkina «de la viande et tout produit issu de l’abattage d’ânes».
 
Au Burkina, les exportations vers la Chine ont explosé depuis 2015, passant de 1000 peaux à 18.000 puis à 60.000 au premier trimestre de 2016. Une surexploitation de l’espèce qui pourrait conduire à sa disparition totale au Burkina dans cinq ans.
 
Victimes eux aussi d’une chasse aux ânes qui a décimé leur cheptel, le Mali, le Sénégal et le Niger ont aussi interdit leur exportation vers l’Asie. Quant au Botswana et au Kenya, ils ont choisi d’exporter en toute légalité leurs peaux d’ânes.

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