Les jeunes Camerounais veulent réussir chez eux
On a retenu l’image d’athlètes camerounais profitant des Jeux Olympiques pour rester en Europe. Représenteraient-ils l’exode d’une jeunesse en quête d’une vie meilleure ? En tout cas, ils sont le symbole de ceux qui sont contraints à faire des petits boulots loin de leurs aspirations.
Le taux de chômage des jeunes atteint 30% dans les deux principales villes Yaoundé et Douala. Pourtant, de plus en plus de Camerounais tournent le dos au mythe européen pour s’en sortir dans leur pays.
«En Europe, les opportunités se ferment, en Afrique elles n’en manquent pas »
Ingénieur, Oscar Baduge est fonctionnaire à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Il n’a pas eu besoin du programme lancé par le président Paul Biya, en 2011, pour ouvrir l’accès à la fonction publique à 25.0000 jeunes parmi 300.000 candidats. Il a pu décrocher son poste dans l’aménagement du territoire grâce à son diplôme obtenu à l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux publics de Yaoundé.
Selon lui, les jeunes commencent à voir les avantages de rester au Cameroun : « En ce moment, la tendance est de faire ses études ici. Il y a plein de nouvelles universités ou filières universitaires. Et d’autres seront construites. Sinon, ils partent étudier en Europe pour rentrer dès qu’ils finissent leur cursus. Quand on a le moyen de faire des études, bien sûr».
Et de poursuivre : «En Europe, les opportunités se ferment, en Afrique elles n’en manquent pas. Chez nous, l’agriculture est en plein boom. La demande est très forte. (On qualifie souvent le Cameroun de grenier de l’Afrique centrale, NDLR) En ville, les jeunes peuvent profiter du développement du secteur immobilier et du BTP. Des appartements sont en construction en ville et sont destinés à la location. Et le tertiaire se développe.»
Le Cameroun, champion du monde de la corruption
Quand il n’est pas au travail, Oscar part en vadrouille avec ses amis ou fréquente les restaurants de la ville. Il fait partie de ces jeunes urbains, éduqués, qui risquent de ne plus accepter d’être gouvernés comme aujourd’hui par un pouvoir corrompu et autoritaire. En 2011, la Commission nationale anti-corruption présentait un premier rapport accablant : le Cameroun est le champion du monde de la corruption.
Au pouvoir depuis 1982, Paul Biya a promis de s’attaquer à ce fléau sans que de vrais résultats soient tangibles.
Malgré ce problème de taille, le Cameroun peut compter sur sa jeunesse dynamique - la moitié de la population a moins de 24 ans - et il peut se vanter d’un niveau d’éducation élevé par rapport à d’autres pays du continent. L’enseignement primaire y est obligatoire et les écoles sont bilingues. Un atout non négligeable dont, Jean Ndejehoya a profité.
L'Université fédérale bilingue de Yaoundé ouvre en 1967
Ina, novembre 1967.
Cet habitant de la capitale économique du Cameroun, Douala, où il a fait ses études, rentre à peine d’un stage en Angleterre. Cet écrivain naissant y est allé pour muscler sa prose et est en pourparlers pour la publication de ses ouvrages avec une maison d’édition canadienne.
A côté de ses activités littéraires, il enseigne l’anglais dans une école et s’est lancé dans l’entreprenariat. Avec un groupe d’amis, il a monté une PME spécialisée dans les nouvelles technologies.
Ce domaine est l’avenir du Cameroun, selon lui : « Des Camerounais qui ont fait leurs études à l’étranger investissent dans ce secteur et veulent se partager le marché avec les multinationales qui s’installent dans le pays. Microsoft a récemment ouvert des centres de formation tout comme Wikipedia. L’essor du téléphone portable et autres technologies en Afrique est une grande chance pour nous. Les jeunes commencent à le comprendre. Même si ça reste un territoire relativement inexploré. ».
«Les mentalités sont en train de changer»
«Je pense que dans cinq ans on verra le résultat de ce qu’on est en train de construire maintenant. On verra émerger une véritable classe moyenne. Il faut dire que la plupart des jeunes veut toujours étudier à l’étranger. Ils savent qu’ils multiplient leurs chances d’être recrutés ici par des chefs d’entreprise qui eux-mêmes ont fait leurs études à l’étranger et font plus de confiance à l’enseignement des universités européennes. Mais les mentalités sont en train de changer. Nous savons tous qu’il y a une crise en Europe, l’avenir est ici.»
Si l’avenir s’annonce radieux, les jeunes ont encore de nombreux défis à relever, comme faire reculer le Sida, les problèmes de discrimination – au Cameroun, l’homosexualité est un délit – et les difficultés économiques. Un tiers des vingt millions d’habitants n’a pas d’accès à l’eau potable et à l’électricité. Une personne sur quatre vit avec moins d’1,1 euro par jour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.