Le leader de Boko Haram revendique l'enlèvement des Français au Cameroun
I-Télé a diffusé une vidéo dans laquelle Abubakar Shekau met en garde la France contre le recours à la force pour libérer la famille prise en otage.
"Nous sommes fiers d'annoncer que nous retenons les sept otages français." Dans une vidéo diffusée par i-Télé jeudi 21 mars, Abubakar Shekau, le leader de la secte islamiste Boko Haram, revendique en personne l'enlèvement de la famille française au Cameroun, que s'attribuait jusque-là un groupe non formellement identifié, qui se réclamait de cette secte.
"Nous les retenons car les autorités camerounaises et nigérianes ont arrêté des membres de nos familles et qu'ils les brutalisent, et que nous ne savons rien de leurs conditions de détention", explique Abubakar Shekau, en treillis, arme sur l'épaule gauche, assis devant une immense rose imprimée sur une tenture. "La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force", martèle-t-il en lisant une grande feuille.
Abubakar Shekau, une personnalité ambiguë et peu connue
On sait peu de choses du leader de Boko Haram. Il est entré dans la clandestinité après la mort de son prédécesseur, Mohamed Yusuf, en 2009, "exécuté extra-judiciairement par la police nigériane", précise le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria et de Boko Haram. Donné pour mort, Abubakar Shekau est finalement réapparu un an plus tard, dans une vidéo diffusée sur internet. "L'une de ses femmes a été arrêtée l'année dernière par l'armée, avec un bébé d'une semaine", indique le chercheur, ce qui explique la mention aux "familles" dans la vidéo.
"Abubakar Shekau n'est pas forcément respecté de toutes les factions de Boko Haram, car beaucoup de groupes ne partagent pas sa doctrine", ajoute Marc-Antoine Pérouse de Montclos. De plus, il ne possède pas le charisme de Mohamed Yusuf. Si la dimension religieuse est importante au sein de Boko Haram, il existe une "dérive mafieuse depuis quelques années" dans l'organisation, qui ne bénéficie pas du financement traditionnel des groupes terroristes de la région, notamment celui d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Des frontières poreuses entre le Nigeria et le Cameroun
Le chercheur Cyril Musila, auteur d'une note sur la région, avait expliqué à francetv info que Boko Haram n'était "pas présent au Cameroun", où ont été enlevés les otages. Officiellement, du moins. Mais il avait aussi précisé qu'"étant donné la porosité des frontières dans cette région, nous savions que Boko Haram ne se contenterait pas d'être présent au Nigeria et allait franchir la frontière".
Lundi 18 mars, un nouvel enregistrement du père de famille avait été diffusé. Dans ce document sonore, Tanguy Moulin-Fournier appelait la France et le Cameroun à "tout mettre en œuvre" pour la libération de sa famille. Il y évoquait notamment les "conditions de vie très dures" des sept otages, dont ses quatre enfants, depuis leur capture "il y a vingt-cinq jours".
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