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La guerre de l’élevage, le conflit oublié de la Centrafrique
C’est l’aspect peu médiatisé de la guerre en Centrafrique. Les éleveurs, victimes de l’opposition entre chrétiens et musulmans, ont été persécutés et le bétail volé. Aujourd’hui, ce secteur d’activité est totalement désorganisé.
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Loin de Bangui, à l’ouest et au centre du pays, la lutte entre partisans de la Séléka et miliciens anti-balaka s’est traduite par des affrontements entre éleveurs et agriculteurs. Les Peuls Mbororos possédaient 95% du cheptel bovin avant le conflit. Peuls et musulmans, ils ont été les cibles de la vengeance des nouveaux maîtres chrétiens du pays, les anti-balaka. Le bétail est une source de convoitise et les exactions se sont succédées.
Lewis Mudge, chercheur pour l’ONG Human Rights Watch, évoque cette violence. «Des combattants anti-balaka ont tué 28 personnes dans le village de Ngbima, près de Kouango, dans le sud du pays. Les victimes étaient des éleveurs de bétail peuls musulmans, mais aussi des non-musulmans accusés par les anti-balaka de ne pas leur prêter allégeance.»
En marge du sommet de Bangui en mai 2015, les maires des communes des zones d’élevage de l’ouest de la Centrafrique ont exprimé leurs préoccupations quant à la sécurité. «On trouve encore des éleveurs centrafricains dans les communes de Niem-Yelewa, de Gaudrot et de Koui. En dehors de ces communes, il n’y a plus aucun éleveur centrafricain dans cette partie du pays. Beaucoup sont partis au Cameroun ou au Tchad et d’autres ont été massacrés.»
Suite à cet appel, des éléments de l’armée régulière centrafricaine sont venus sécuriser les zones d’élevage.
Selon l’AFP, qui cite des sources peules à Bangui, un millier de Mbororos ont été tués. Un million de têtes de bétail a été tué ou volé. Les survivants, quand ils n’ont pas fui au Tchad, ont été rackettés. La transhumance, qui est à la base de l’économie de l’élevage a été bouleversée. «Ces déplacements forcés ont des effets dangereux tels que l’effondrement de la filière de l’élevage, la radicalisation de certains groupes d’éleveurs et le blocage de la transhumance entre le Tchad et la Centrafrique», écrit l’ONG Crisis Group.
On estime que l’économie de l’élevage en Centrafrique a régressé de 70%. A Bangui, on ne mange presque plus de bœuf. Les éleveurs ne viennent plus dans la capitale, où les prix sont cinq fois plus élevés qu’en province. Quant à l’abattoir, situé dans le quartier musulman du PK 12, il n’a pas rouvert.
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