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Avec "Année Zéro", l’artiste congolais Mega Mingiedi Tunga questionne la société africaine à la Chaufferie-HEAR de Strasbourg
Publié le 15/10/2021 09:39
Mis à jour le 15/10/2021 09:40
Temps de lecture : 1min
Dans le cadre de la saison Africa2020, la Chaufferie, la galerie d’exposition de la Haute école des arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg accueille les dessins-collages de Mega Mingiedi Tunga.
Mega Mingiedi Tunga est né en 1976 à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Le solo show Année Zéro que lui consacre la Chaufferie-HEAR de Strasbourg est visible jusqu’au 31 octobre 2021.
"Les dessins de Mega Mingiedi interrogent le monde qui l’entoure, proche et lointain, qu’il regarde depuis la ville où il a grandi et choisi de vivre, Kinshasa. Ses récits graphiques minutieux, entre cartographies et bande dessinée, plongent au cœur de l’histoire qui hante et des possibles de l’existence. Les situations ordinaires qu’il amplifie créent une poésie concrète, labyrinthique. (…) Mega Mingiedi dessine et raconte des mondes possibles, spéculatifs au cœur du monde actuel ", déclare Jean-Christophe Lanquetin, enseignant atelier scénographie-HEAR.
Les douze œuvres ci-dessous sont commentées par l’artiste.
"De plus en plus, l’engagement politique commence à émerger dans le monde, mais rarement dans un intérêt national. Certains se mettent en relation afin de s’enrichir ou d’avoir du pouvoir. Les membres d’un réseau de mafia, équipés de leur téléphone rouge, s’occupent seulement de leurs intérêts personnels." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Les vendeuses de café des rues de Dakar s’habillent avec beaucoup de couleurs, beaucoup de bijoux, beaucoup de beauté. Cela fait partie de leur marketing. Elles ne vendent pas leurs corps, mais du café." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Lubumbashi, la deuxième ville du Congo, est le poumon économique du pays grâce aux entreprises minières. Néanmoins, cette richesse ne bénéficie pas au peuple à cause de la fuite des capitaux et de la mauvaise gérance économique." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"En Afrique de l’Ouest, des organismes de charité sont mis en place pour les enfants n’ayant pas les moyens ni de manger ni d’aller à l’école. Ils les nourrissent, leur apprennent la religion, à condition qu’ils passent le reste de leurs jours à mendier dans la rue. C’est le commerce du dernier espoir." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"La plupart des politiciens congolais ne déclarent pas publiquement leurs autres activités professionnelles. Certains possèdent des entreprises ou d’autres sources de revenus, ce qui peut créer des conflits d’intérêts ou entraîner de la corruption." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Le développement d’un pays dépend des projets de ses leaders politiques. Lorsque l’administration belge est partie, seuls quelques Congolais avaient reçu une formation pour gérer le pays. Cette situation n’a pas permis de former un gouvernement fonctionnel. Aujourd’hui, l’administration publique a besoin d’être réformée pour faire face à de multiples difficultés, dont la corruption." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Tala, c’est regarder. C’est contempler pour un moment, se confronter avec ce qui est devant soi, avec ses pensées et ses réactions. Mona c’est voir. Un peu au hasard. Un peu au quotidien. Entre les deux, il y a un œil invisible. Le voyage demeure difficile, il est un rêve d’enfance inaccessible pour les peuples des pays devant passer par de longues procédures pour obtenir un visa. Cependant, des citoyens d’autres pays remplissent toutes les pages de leur passeport avant que celui-ci n’expire." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Des liens réels ou fictifs, qu’ils soient politiques, culturels, sociaux ou historiques sont tissés entre Kinshasa et d’autres villes du monde." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Dernière lettre de Patrice Emery Lumumba à sa femme, avant sa mort. Cette lettre est une preuve de son engagement politique et un témoignage de son combat pour l’indépendance du Congo et contre le colonialisme." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Balo est un administrateur colonial qui a servi au Congo en 1931. Protagoniste de nombreuses histoires de viols et de violences envers le peuple congolais, il a fini par être assassiné, brûlé puis mangé. Le reste de son corps a été momifié, divisé, puis distribué pour être porté comme pendentifs par le peuple Pende. C’est le phénomène Kamundélé. Aujourd’hui, certaines institutions européennes sont à la recherche de ces objets pour les exposer dans des institutions culturelles, reposant la question du colonialisme." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"La mer, pourtant dernier espoir de fuite, est perfide. Parfois elle ramène ses voyageurs, parfois elle les prend. Elle est devenue un cimetière à ciel ouvert. Avant leur départ, les voyageurs prenant la mer demandent à leurs contacts en Europe de leur envoyer des cartes SIM actives d’Italie, d’Espagne, de France. Au cours de la traversée, ils insèrent les différentes cartes dans leur portable pour trouver le réseau le plus proche. La carte SIM devient une boussole." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
"Imaginons un oiseau libérant d’autres oiseaux en cage. La lutte pour la liberté devient un besoin pour tous les êtres vivants." (MEGA MINGIEDI TUNGA (PHOTO D’A. LEJOLIVET))
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