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Zimbabwe: le théâtre peut rire de Mugabe

Une troupe de théâtre a fait salle comble à Harare, la capitale du Zimbabwe, avec un pamphlet décapant sur les derniers jours du régime de l’ex-président Robert Mugabe.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Une scène de la pièce satirique qui raconte les derniers jours du règne de l'ancien président Robert Mugabe. 

	  (Jekesai NJIKIZANA / AFP)

«Tout le monde doit se rassembler derrière moi, je suis la mère de la nation. Je suis surtout la femme du président», déclame une ex-Première dame du Zimbabwe, Grace Mugabe, plus vraie que nature.

Une scène inimaginable il y a quelques mois encore et pourtant la pièce se joue en toute liberté et le public en redemande. Pendant les 37 ans d’un règne de fer, se moquer du «camarade Bob» était réprimé comme un crime de lèse-majesté.
 
Des années de censure
Au début des années 90, le dramaturge Denford Magora avait dû prendre la fuite pour échapper à la sécurité d'Etat, venue l'arrêter à son domicile. Sa pièce Dr. Government mettait en scène le pouvoir incarné par un médecin en charge d'un malade agonisant appelé Zimbabwe.

Un autre spectacle raillant la cour de flagorneurs de l'ancien président avait été purement et simplement interdit.

L'affiche de la pièce de théâtre satirique (Capture d'écran)
 
Un souffle de liberté
La pièce qui se joue à guichet fermé raconte avec humour les dix derniers jours du couple Mugabe, placé en résidence surveillée par les généraux. «Je ne peux rien faire, même la police a été arrêtée», soupire un Robert Mugabe que l'auteur se plaît à montrer en vieillard somnolent, totalement dépassé par les événements. Le metteur en scène Charles Munganasa dit avoir voulu retracer les événements le plus fidèlement possible.

Le directeur du Théâtre, Daves Guzha, se dit pour sa part rassuré de voir que la pièce n’a pas été interdite par le nouveau régime. «Peut-être que la liberté d'expression va se développer. (…) Il faut continuer à repousser les limites avant que le pouvoir ne s'avise de nous dire Stop, ça suffit.»

Pour l’instant, le Zimbabwe semble réconcilié avec le second degré même s'il concerne les hommes d’Etat. La preuve? Le titre de la pièce: Operation Restore Regasi pour Restore Legacy (Rétablir la loi). Un clin d’œil au défaut de prononciation de l'ex-chef d'état-major devenu vice-président du pays, le général Chiwenga
           
           
            

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