Cet article date de plus de cinq ans.

Afrique du Sud: les "Zama Zama", mineurs d'or illégaux, menacent les fondations des villes

Dans les grandes villes sud-africaines, des mineurs reprennent l'activité sur des puits de mine d'or abandonnés. Mais l'environnement a changé. En surface désormais, on trouve des villes dont l'extraction minière menace les fondations.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Opération de secours de 11 mineurs illégaux le 16 février 2014 à Johannesburg. (ALEXANDER JOE / AFP)

Mourir pour de l’or. Le titre de l’article du journal sud-africain Mail and Guardian est sans ambiguïté. Il parle de ces mineurs illégaux, les Zama Zama, qui chaque jour creusent la terre des mines d’or abandonnées.
Une société invisible dans un monde souterrain, gérée par des trafiquants, souvent étrangers. "Il y aura toujours une demande pour l’or sur le marché noir", explique au Mail and Guardian Mahabane, un de ces mineurs illégaux. "Apprendre à travailler sous terre n’est pas un choix, mais une obligation pour survivre." 
Des petits caïds organisent leur travail. Ils choisissent la mine, forment les équipes de 60 à 80 mineurs et fixent la durée de l’exploitation du site. On travaille en 2x8, douze heures de travail, sept jours sur sept.

Des feux allumés sous terre


Les Zama Zama sont en majorité étrangers. Ils sont venus des pays voisins pour travailler, mais la fermeture des mines les a coincés ici. On les retrouve partout où il y a eu des mines et des filons abandonnés. En ville, explique le Petit Journal, il est facile de repérer les anciens puits de mine. Ce sont ces terrains vagues clôturés et théoriquement inconstructibles.

Sous terre c’est sale, froid, et ça manque d’air. Malgré tout, les mineurs allument des feux pour se réchauffer. Leur vie rappelle celle des trafiquants de drogue. Ils sont en bas de l’échelle et leur avenir dépend d’hommes de main qui protègent leur travail et achètent leur production. Ils fournissent également le matériel. Rien ne manque. Ni la lance thermique, ni la dynamite.


Pour les Zama Zama le danger est permanent. Là-dessous, plus rien n’est entretenu. Les galeries ne sont plus étayées et seule la lampe frontale du mineur éclaire les lieux.

Si tu as peur de mourir enterré vivant, alors tu ne manges pas.

Mahabane, un mineur

Mail and Guardian


Les gangs aussi mettent la pression. Les mineurs se battent pour les meilleurs filons. On tue facilement sous terre. "Quand un gang décide que vous devez mourir, ce sera fait, explique Mahabane. Le pire que j’ai vu, c’est quand ils ont utilisé une lance thermique contre un mec."


Le danger est également présent pour les habitants. L’activité minière frauduleuse ne s’inquiète guère de ce qui se passe à la surface. On creuse indifféremment sous le township de Soweto, les autoroutes, le stade, etc. Selon RFI, une explosion s’est produite à moins de 30 centimètres d’un gazoduc près du stade de Johannesburg. Heureusement, le tuyau n’a pas été endommagé.


La municipalité s’inquiète de cette activité permanente. Surtout quand les mineurs emploient de la dynamite. Mais il n'y a pas moins de 6000 mines désaffectées dans le pays et il est impossible de tout contrôler.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.