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Afrique du Sud : une économie entravée par un secteur énergétique à bout de souffle

Les longues coupures d'électricité excèdent la population et font vaciller les entreprises.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une manifestation contre la hausse des prix de l'électricité, le 1er août 2022, réprimée par la police dans le township de Tembisa, dans la banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud.  
 (GUILLEM SARTORIO / AFP)

Une vague de protestations contre la vie chère et le chômage enfle en Afrique du Sud dont l'économie est plombée par les coupures d’électricité. Une manifestation, réprimée par la police, a fait quatre morts le 1er août 2022 dans la banlieue de Johannesburg.

Frustrés par les délestages

Le pays est familier de ces délestages mais leur fréquence s'est intensifiée ces derniers mois. Les coupures de courant, récurrentes, sont devenues une source majeure de frustration dans le pays le plus industrialisé d'Afrique. Les pannes à répétition dans les centrales électriques ont coûté des millions de dollars par jour au pays en juillet, imposant aux Sud-Africains de vivre six à huit heures par jour dans le noir pendant plus de deux semaines.

En outre, les prix de l’alimentation, des transports et des logements flambent, en raison des conséquences de la guerre en Ukraine mais aussi en raison des pénuries internes. L'économie la plus développée du continent africain, déjà éprouvée par le Covid, est aujourd’hui gangrénée par le chômage qui touche 34,5% de la population et 64% des plus jeunes.

Un chômage lui-même aggravé par le manque d’électricité qui ralentit l’activité économique. Les entreprises sud-africaines, petites et grandes, sont obligées de ralentir leur production.

Incurie

Après des années de mauvaise gestion et de corruption, la société nationale Eskom est incapable de produire assez d'énergie pour subvenir aux besoins du pays. Ses centrales à charbon, qui produisent 80% de l'électricité du pays, sont vieillissantes et nécessitent depuis des années des réparations. Le groupe public est par ailleurs criblé de dettes.

Certaines entreprises passent aux générateurs diesel mais la hausse des prix pétrole entament leurs résultats et réduisent les opportunités d'emploi. Une spirale désastreuse de récession et chômage qui risque d'aggraver la désespérance des populations.

Miser sur le solaire et le secteur privé

Les experts en énergie et même le groupe public Eskom appellent le gouvernement à investir rapidement dans le renouvelable, en particulier le solaire, meilleur moyen de combler le déficit énergétique. Devant la gravité de la situation, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a fini par annoncer une ouverture du secteur énergétique aux investissements privés, notamment en misant sur le solaire.


"Il s'agira également d'acheter de l'énergie aux mines, aux papeteries, aux centres commerciaux et autres entités privées disposant de leurs propres générateurs, ainsi qu'aux pays voisins comme le Botswana et la Zambie", a précisé le président sud-africain. Bien que tardives et insuffisantes, ces mesures ont été favorablement accueillies dans le pays. "Cela permettra de soutenir les petites entreprises et de réduire les pertes d'emplois",  affirme à l’AFP Ismail Fasanya, maître de conférences en économie à l'université de Witwatersrand. A condition d'y arriver "assez vite pour leur éviter de mettre la clé sous la porte."

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