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En Afrique du Sud, une situation sociale explosive exacerbée par la hausse du prix de l'électricité

Quatre manifestants ont été tués par balles lundi 1er août dans un township de Johannesburg, lors d’un rassemblement de protestation contre la hausse des prix de l’électricité. La contestation enfle dans ce pays, qui reste malgré tout l’un des plus développés du continent africain. 

Article rédigé par Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Rassemblement violent dans le township de Tembisa en Afrique du Sud, le 1er août 2022. (GUILLEM SARTORIO / AFP)

La police sud-africaine a ouvert le feu, mais il est trop tôt pour dire qui a tué les manifestants lors d'un rassemblement violent, au cours duquel un bâtiment public a été incendié et des routes barrées avec des pneus en flammes. Cette manifestation, lundi 1er août, dans le township de Tembisa – une banlieue au nord-est de Johannesburg – dénonçait la hausse du prix de l’électricité et plus généralement des services dans un pays rongé par les inégalités et le chômage.

On est encore loin des émeutes de l’été dernier, lorsque les partisans de l’ancien président Jacob Zuma arrêté pour corruption avaient mis le pays à feu et à sang. Le bilan avait atteint 350 morts. Mais au-delà de cet épisode judiciaire, la colère d’une grande partie de la population sud-africaine demeure. 

Un risque de soulèvement

Une possible explosion sociale redoutée par l’ex-chef de l’État sud-africain Thabo Mbeki, celui-là même qui avait succédé à Nelson Mandela à la présidence dans les années 2000. "L’une de mes craintes c’est que nous allons avoir notre propre version du printemps arabe" dit-il. Et d’ajouter :  "Vous ne pouvez pas avoir autant de chômeurs, de pauvres, de personnes confrontées à cette anarchie avec des dirigeants corrompus."  Une déclaration prémonitoire faite il y a seulement une dizaine de jours. Thabo Mbeki décrivait alors l’Afrique du Sud comme une bombe à retardement. L’ancien président reproche à l’actuel chef de l’État Cyril Ramaphosa de n’avoir pas tenu sa promesse de lutter contre la misère et les inégalités. 

L'Afrique du Sud peine à trouver une nouvelle voie

Trois décennies après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud est un chaudron prêt à exploser. La lutte contre la corruption reste limitée, il y a des blocages ethniques, et surtout d’énormes inégalités persistent, attisées par l’inflation. Les pouvoirs en place depuis plus de 30 ans n’ont pas résorbé le contraste vertigineux entre les quartiers les plus opulents et les townships, la criminalité a explosé. Un tiers de la population est au chômage, près des deux tiers parmi les jeunes. 

Cette situation suscite des réflexes xénophobes. Un courant anti-migrants mené par un leader noir de Soweto s’oppose à l’arrivée de travailleurs étrangers en Afrique du Sud, pays qui reste attractif pour de nombreux Africains venus de tout le continent.

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