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Al Boraq, le TGV marocain au succès stoppé par le coronavirus

L'arrêt du service, depuis le 23 mars 2020, pour cause de pandémie ne doit pas masquer un réel succès commercial.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Deux trains à grande vitesse marocains en gare. (ONCF)

Avec 3 millions de voyageurs en 2019 pour sa première année d'activité, Al Boraq, le train à grande vitesse marocain, est un succès commercial. Lorsqu'il a présenté en novembre 2019 le bilan de la première année d'exploitation du train à grande vitesse, Mohamed Rabie Khlie, le patron de l'Office national des chemins de fer (ONCF), ne cachait pas sa satisfaction. "Depuis qu’Al Boraq est opérationnel, je ne suis plus attaqué par la presse, j’en conclus donc que ce projet est une réussite qui valait le coup d’attendre", lance t-il.

L'année 2020 démarrait sous les meilleurs hospices. Le premier trimestre, la compagnie a transporté près de 9 millions de voyageurs sur l'ensemble de ses lignes. Non seulement la grande vitesse entre Tanger et Casablanca est plébiscitée, mais en plus elle a permis de relancer les transports ferroviaires dans le pays. En glissement sur 12 mois, le chiffre d'affaires passagers était en hausse de 35,3% avec 1,6 milliards de dirhams (165 millions de dollars) fin 2019.

Al Atlas

L'embellie globale du ferroviaire s'explique aussi par une offre étendue et modernisée du réseau classique. Ainsi, l'ONCF a lancé Al Atlas, des trains au départ de Fès vers Nador et Oujda, les deux grandes villes de la région de l'Oriental. L'offre a été récemment étendue aux liaisons Fès-Casablanca et Casablanca-Marrakech. Des liaisons directes gages de rapidité.

Mais le Covid-19 a mis un sérieux grain de sable dans la belle histoire. Depuis le 23 mars 2020, pandémie oblige, le trafic des trains à grande vitesse a été suspendu. Puis, le 18 avril, les gares de Rabat-Agdal et Salé-Tabriquet ont été fermées. Fatalement pour l'ONCF, la compagnie nationale, 2020 sera une année noire, qui remettra en cause la rentabilité à court terme de l'offre à grande vitesse.

Un succès à confirmer

Pour autant, cela ne semble pas remettre en cause le succès d'Al Boraq qui a capitalisé une forte adhésion lors de sa première année d'exploitation. Trois millions de passagers, cela représente 8,3% du nombre des voyageurs en train du pays. Une part de marché acquise en un an. Et cela grâce à deux points forts, rapidité bien sûr, mais aussi fréquence.

Avec 200 km de voie à grande vitesse entre Tanger et Kénitra, Al Boraq met un peu plus de deux heures pour rejoindre Casablanca, à 350 km de Tanger. Le temps de voyage a été divisé par deux, voire par trois, sur le tronçon en grande vitesse. 28 trains font l'aller-retour quotidiennement, avec un taux de remplissage de 68% en semaine, et affichent complets les week-ends et jours de fête.

"Eléphant blanc"

On comprend mieux la jubilation du patron de l'ONCF qui a soutenu un projet attaqué de toutes parts. "Un éléphant blanc", critiquait l'opposition. Projet coûteux et inutile qui contraste avec la vétusté du rail au Maroc. "Le coût de 10 mètres de LGV (ligne à grande vitesse, NDLR) peut servir à construire une petite école dans le monde rural", dénonçait Omar Balafrej, du parti de gauche FDG.

Et si le plébiscite est acquis, il ne doit pas non plus masquer que ce moyen de transport reste réservé à une élite, ou aux touristes...

Ce mois de juin 2020 marque le timide retour à la normale sur le réseau ferroviaire. Réouverture des gares, augmentation des navettes, mais toujours pas d'Al Boraq en gare...

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