Covid-19 : en dépit de ses difficultés d'approvisionnement, le Zimbabwe veut vacciner à tout prix pour garantir la reprise économique
Le pays vient de rendre obligatoire la vaccination pour les fonctionnaires.
Depuis le lancement de sa campagne vaccinale contre le Covid-19 en février 2021, le Zimbabwe n’a jamais fait mystère du fait que le vaccin serait un sésame social. Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a ainsi averti ceux qui refuseraient le vaccin : ils seront privés de certains services publics. Les autorités zimbabwéennes ont franchi une nouvelle étape le 20 juillet 2021 en rendant, selon plusieurs médias zimbabwéens, la vaccination obligatoire pour les fonctionnnaires. Quant aux soignants zimbabwéens, ils ont déjà reçu un ultimatum de deux semaines pour se faire vacciner, sans quoi ils ne seront pas couverts en cas de contamination. Sur les marchés, seuls les vendeurs vaccinés seront autorisés, tout comme dans les salles de vente de tabac et de coton. L'instance qui régule le commerce des céréales a elle annoncé qu'elle n'achèterait qu'aux agriculteurs vaccinés.
Obtenir le maximum de doses
Seulement, Harare ne dispose pas des doses nécessaires pour assurer l’immunisation de sa population. En mettant la pression sur ceux qui traînent à se faire vacciner, le Zimbabwe a réussi à pousser des milliers personnes vers des centres de soins ... en manque de doses. Les autorités se démènent pourtant pour les trouver. "Au cours des premières semaines du programme (de vaccination), 1,76 million de doses sont arrivées sous forme de cadeaux (notamment le vaccin Sinopharm offert par la Chine, NDLR) ou de commandes commerciales. Deux commandes totalisant 2,5 millions de doses sont arrivées au cours des trois dernières semaines et demie et deux autres commandes totalisant également 2,5 millions de doses sont attendues d'ici dimanche (25 juillet 2021), portant le total à 7,76 millions de doses", indique le quotidien zimbabwéen The Herald.
La demande est très forte, explique le porte-parole du principal hôpital du pays, Parirenyatwa Central. "Ça nous fait très plaisir et on vaccine un millier de personnes par jour", a confié à l'AFP Linos Dhire. Le pays, qui à la mi-juillet, ne vaccinait encore que 400 000 personnes par jour a ainsi accéléré la cadence. Au 19 juillet 2021, 1 184 435 millions de personnes ont reçu leur première dose, selon le ministère de la Santé, dans un pays qui compte quelque 15 millions d'âmes.
One million Zimbabweans have now received their first COVID-19 jab!
— President of Zimbabwe (@edmnangagwa) July 16, 2021
Thank you to all the doctors, nurses and health officials who have made this possible.
You are true Zimbabwean heroes
(Un million de Zimbabwéens ont maintenant reçu leur première dose de vaccin contre le COVID-19 ! Merci à tous les médecins, infirmières et responsables de la santé qui ont rendu cela possible. Vous êtes de vrais héros zimbabwéens.)
Plus de 7% de la population ont ainsi reçu une première injection et d'après The Herald, 4,3% des Zimbabwéens sont entièrement vaccinés. Des chiffres qui sont encore loin des objectifs fixés par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour sortir de la pandémie. "J'ai appelé à un effort mondial massif pour vacciner au moins 10% de la population de chaque pays d'ici septembre, au moins 40% d'ici la fin de l'année et 70% d'ici le milieu de l'année prochaine", a de nouveau rappelé le directeur général de l'OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors qu'il intervenait lors de la 138e session du Comité international olympique (CIO), à Tokyo, qui a démarré le 20 juillet à quelques jours de l'ouverture des Jeux olympiques d'été au Japon.
Vitale pour la reprise économique
Pour le pays, une vaccination massive contre le Covid-19 est une condition nécessaire à la reprise économique. "Les progrès enregistrés par le gouvernement dans ses efforts pour vacciner la majorité des citoyens contribueront à minimiser l'impact négatif de la troisième vague de Covid-19 sur les objectifs de croissance économique du Zimbabwe, selon les analystes", rapporte The Herald.
Ainsi, le ministre des Finances, le professeur Mthuli Ncube, prévoit une croissance de "7,4 % cette année", portée "en grande partie (par) une bonne saison agricole et à l'envolée des prix de minéraux dans le monde".
De même, l'inflation "galopante qui est passée de 162,9% en mai 2021 à 106,6% en juin, passera sous la barre des 25% d'ici la fin de l'année, après avoir atteint un sommet de 837% en 2020, après la dollarisation (le pays ne dispose plus d'une monnaie nationale depuis 2009, NDLR)".
Comme le reste de l'Afrique, le Zimbabwe est entré dans une troisième vague meurtrière de coronavirus. Au 19 juillet, le pays comptait plus de 27 000 cas actifs contre environ 8 000 la semaine précédente. Il est voisin de l'Afrique du Sud, pays le plus touché du continent par la pandémie de Covid-19. Pour limiter les dégâts de cette troisième vague, le gouvernement a imposé, il y a trois semaines, "un confinement de niveau 4", indiqueThe Herald. "Couvre-feu de l'aube au crépuscule", "réduction des heures d'ouverture" et "interdiction des voyages interurbains, sauf à des fins de production et de distribution de nourriture et de médicaments".
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