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Ethiopie: la détention du milliardaire al-Amoudi par Ryad pèse sur l’économie

Le transfert des personnalités saoudiennes victimes de la purge «anti-corruption» de Mohamed Ben Salman, de l’hôtel «Ritz» vers une prison de haute sécurité, braque à nouveau les projecteurs sur le milliardaire saoudo-éthiopien Mohamed al-Amoudi. Deuxième fortune du royaume et second employeur en Ethiopie après l’Etat, son absence pourrait avoir des répercussions sur l’économie de son pays natal.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

Le Ritz-Carlton palace de Ryad a annoncé sur son site qu'il allait rouvrir ses portes à la clientèle à partir du 14 février 2018. Jusque là, il avait servi provisoirement de lieu de détention à des personnalités du royaume arrêtées en novembre 2017, dans le cadre d’une purge anticorruption illustrant la reprise en main du pays par le prince héritier et homme fort du moment, Mohamed Ben Salman.

L'homme d'affaires saoudo-éthiopien transféré dans une prison de haute sécurité 
Selon le site Al Arabi al jadeed, une soixantaine de détenus, qui ont refusé le paiement de 70% de leur fortune en échange de leur libération, ont été transférés à la prison d’al-Hair. Un centre de détention de haute sécurité au sud de Ryad.
 
Parmi ces prisonniers prestigieux figure le milliardaire saoudo-éthiopien Mohamed Hussein al-Amoudi, dont la fortune personnelle est évaluée à près de 11 milliards de dollars par le magazine américain Forbes.
 
Avec une telle assise financière, al-Amoudi est également classé «deuxième Noir le plus riche du monde, deuxième Saoudien le plus fortuné et 161e fortune à l’échelle de la planète», selon le site marocain Tel Quel.
 
Né en Ethiopie au début des années 40, au sein d’une diaspora originaire de Hadramaout au Yémen, Cheikh al-Amoudi a constitué sa fortune en 1988, grâce un contrat à 30 milliards de dollars pour la construction d’un complexe de stockage pétrolier en Arabie Saoudite.

Mohamed al-Amoudi a investi plus de deux milliards de dollars en Ethiopie 
Toutefois, cet Ethiopien de cœur, plutôt discret dans les médias, s’est également imposé comme premier employeur privé et deuxième après l’Etat dans son pays natal, selon le site Ethiopian News and View.
 
Travaillant en étroite collaboration avec l’oligarchie du Front de libération du peuple du Tigray (FLPT), un des quatre partis de la coalition au pouvoir à Addis Abeba, il a investi plus de deux milliards de dollars dans l’économie éthiopienne depuis la chute du régime révolutionnaire de Mengistu Haïlé Mariam en 1991.

 
Selon la chaîne d’opposition éthiopienne ESAT, basée aux Etats-Unis, le FLPT lui accordé des milliers d’hectares de terres agricoles et plusieurs parcelles de premier ordre dans la capitale.
 
S’il a remporté «le jackpot avec l’or en Ethiopie, or qu’il exploite depuis deux décennies», comme l’écrit encore ESAT, ses projets de constructions et de développement agricole s’étendent dans tout le pays. Al-Amoudi a également œuvré à la promotion des cafés locaux qui sont désormais vendus dans les Starbucks du monde entier.
 
Une blague rapportée par le site Tel Quel circule même à son propos dans le pays: «En Ethiopie, on ne fait pas de privatisations, on fait seulement des al-Amoudisations», raille-t-on dans les milieux d’affaires éthiopiens.

Un philanthrope avec ses zones d'ombre 
Dans un des rares entretiens accordés à la presse, il expliquait au magazine Forbes ses motivations. «J’ai eu de la chance au cours de ma carrière et je crois au fait de le rendre à ma communauté. Comme mes affaires les plus fructueuses ont eu lieu au sein des communautés arabes et africaines, il me semble juste que le surplus philanthropique soit adressé à ces communautés qui en ont le plus besoin.»
 
Pourtant, au-delà cette philanthropie revendiquée, l’homme n’est pas dénué d’une part d’ombre, soulignée par le site marocain. Selon des documents de la cour dans le procès des familles du 11-Septembre, al-Amoudi aurait octroyé des fonds à des groupes affiliés à al-Qaïda, qui seraient impliqués dans les attentats à la bombe contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, rapporte Tel Quel.
 
Al-Amoudi est également controversé pour son soutien au Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens lors des élections législatives de 2005 qui avaient reconduit l’autocratique et répressif Meles Zenawi au poste de Premier ministre, jusqu’à son décès en 2012.

Si sa détention devait se prolonger, d’autre régions que l’Ethiopie pourraient en souffrir. Les activités de cet homme, marié et père de huit enfants, se concentrent également dans le nord de l’Europe, en Suède en particulier, et dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord et ses entreprises emploient près de 70.000 personnes dans le monde.

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