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Gabon : le mystère de la mortalité des carpes de Lambaréné

Des milliers de poissons sont retrouvés mort, flottant sur le fleuve Ogooué. Une bactérie serait à l'origine de cette hécatombe, qui provoque le chômage des pêcheurs.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Malgré l'interdiction décrétée, la pêche continue sur le fleuve Ogooué, ce 12 août 2019 à la hauteur de Lambaréné au Gabon. (STEVE JORDAN / AFP)

Cela a commencé début juillet. La population vivant sur les bords du fleuve Ogooué, près de Lambaréné, constate la présence de centaines de poissons morts, dérivant sur le fleuve. Quelques jours plus tard, la scène se reproduit près du lac Zilé. Fin juillet, l’Agence nationale des parcs nationaux ouvre une enquête. De son côté le gouvernement interdit la pêche. Il invite les populations à "s’abstenir de consommer les poissons retrouvés morts et à collaborer avec les équipes présentes sur le terrain."

Curieusement, une seule espèce de poisson est concernée : la carpe. Et les supputations vont bon train sur cette hécatombe. On parle de rejets industriels de métaux lourds, ou de contamination chimique aux pesticides et aux engrais. En fait, selon les premières constatations, cette mortalité serait due à une bactérie de type Aeromonas veronii.

"Les analyses effectuées par le Centre International des Recherches Médicales de Franceville (CIRMF) ont révélé la présence anormalement élevée dans l’eau et dans les carpes trouvées mortes d’une bactérie de type Aeromonas veronii présente naturellement dans l’environnement", conclu le communiqué officiel.
Cette bactérie répandue dans le monde entier peut être particulièrement virulente, provocant chez l’homme des complications gastro-intestinales. Les oiseaux, les poissons et les reptiles aquatiques peuvent être infectés.

Mais la zone d’infection ne se limite pas à la proche région de Lambaréné. Du coup l’interdiction de pêche et de commercialisation est maintenue. Il est conseillé de ne pas manipuler les poissons trouvés morts, et de faire bouillir l’eau du fleuve avant de l’utiliser.

A Lambaréné, selon RFI, la colère s’est rapidement emparée de la population. La pêche et le commerce du poisson font vivre pas mal de gens ici. Aussi, la rue hésite entre refus de l’interdiction, et protestation véhémente pour le manque à gagner que cela représente.

"Il n’y a pas de clients ! On n’arrive pas à vendre !", se plaint une vendeuse. "La seule entreprise à Lambaréné, pour le moment, c’est la carpe. À part la carpe il n’y a rien. On vit comment ?", ajoute une autre, rapporte le journaliste de RFI.

Retour de pêche le 12 août 2019 à Lambaréné. Malgré l'interdiction la vente de poissons continue comme si de rien n'était. (STEVE JORDAN / AFP)

Les populations s’étonnent de ce phénomène qui est malheureusement d’une triste banalité. Ces bactéries se développent dans une eau qui manque d’oxygène. On parle "d’eutrophisation de l’eau", due à une prolifération bactérienne et végétale souvent liée à la présence de l’homme…

Et malgré l'interdiction de pêche et  de commercialisation du poisson, l'activité continue à Lambaréné, comme a pu le constater l'AFP. Il est vrai que pour l'heure aucun malade n'a été recensé.

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