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L’Algérie voudrait remplacer le blé français par du blé russe

Cela commence à devenir un thème récurrent dans les médias. L’Algérie utiliserait le blé russe pour mettre la pression sur la France, son plus gros fournisseur. Info ou intox? La surenchère va bon train, certains acteurs du dossier, et non des moindres, laissent entendre que le blé russe a gagné. Ce qui est pourtant loin d’être fait.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Moissons de blé à Novosibirsk, en Russie. (Alexandr Kryazhev / Sputnik)

20 dollars, 18 euros environ. C’est la différence de prix entre une tonne russe et française de blé. «Un avantage de taille»  pour le blé russe, reconnaît à l’AFP Philippe Pinta, le président de l’Association générale des producteurs de blé français (AGPB). Un différentiel dont l’Algérie aimerait bien profiter, alors que pour l’heure la quasi-totalité de ses importations est couverte par du blé français. 4,3 millions de tonnes pour la campagne 2017-2018.
 
Alors, depuis quelques mois, tout le monde joue une partie de poker menteur. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) voudrait diversifier ses importations et lorgne sur le blé russe. Mohamed Belabdi, son directeur, a confirmé que l’Algérie est «grandement intéressée». «Le blé russe est moins cher et de meilleure qualité», affirme même au site russe Sputnik, le président de l’Union céréalière russe.

Meilleure qualité pour le blé français
Or, ce n’est pas le cas. Il est moins cher, certes, mais parce que de moins bonne qualité. Le blé français contient 0,1% de grains parasités contre 0,5% ou 0,7% pour le russe. «Il faut qu'on ait toujours une longueur d'avance sur le plan qualitatif, sinon, on se fera prendre des parts de marché», reconnaît Philippe Pinta à l’AFP. Pour l’heure en tout cas, cette variable sanitaire joue en faveur de la France.
 
Pour certains média algériens, les jeux sont pourtant presque faits: «La France est en passe de perdre la bataille du blé avec l’Algérie», écrit Algérie1. Pour Algérie Monde Info, «la Russie s’installe et la France s’agite» et, emboîtant le pas à d’autres médias, précise que d’autres approvisionnements seront bientôt concernés, tel le lait ou la viande bovine.
 
Le Quai d'Orsay à la manœuvre
Bref, un air de bérézina soufflerait sur l’économie agricole française qui perdrait un de ses plus gros marchés céréaliers à l’export, puis ses marchés agro-alimentaires. Ce qui ne semble pas déplaire à certains. D’ailleurs, si rien n’est encore perdu pour les Français, le Quai d’Orsay prend la menace très au sérieux, croit savoir l’AFP. Pour preuve, Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat au Commerce se rendra en Algérie début 2019 afin de plaider la cause des céréaliers français.

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