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Vacances d'été des Français : la Tunisie a la cote

Le pays retrouve les faveurs des touristes français et se place à la 4e place dans le "Top 10" des destinations favorites des vacanciers hexagonaux.

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Sur la plage de Sousse (nord-ouest de la Tunisie), un vendeur tente sa chance auprès des touristes le 22 juin 2018. (ZOUBEIR SOUISSI / X02856)

Bonne nouvelle pour la Tunisie, désertée par le tourisme suite aux attentats perpétrés au musée Bardo de Tunis et dans un hôtel de la station balnéaire de Sousse, en 2015. Pour la saison estivale 2019, elle voit ses réservations bondir de 55%, rapporte le baromètre des Entreprises du Voyage. Lequel représente les agences de voyage et les tour-opérateurs français.

De son côté, l'Egypte progresse de 61%, alors qu'elle n'est "pas une destination estivale".

Retour au niveau d'avant 2011

"La Tunisie revient presque à son niveau d'avant le printemps arabe en 2011. La frilosité (liée aux attentats de 2015, NDLR) a disparu", relève Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage.

Photo souvenir sur l'avenue Bourguiba, dans le cenre de Tunis, le 18 janvier 2018 (REUTERS - ZOUBEIR SOUISSI / X02856)
En 2019, le pays se hisse à la quatrième place du Top 10 (derrière l'Espagne, la Grèce et l'Italie) des destinations les plus prisées par les touristes hexagonaux. Il voit ses réservations pour l'été bondir de 55%, "notamment en raison de son accessibilité tarifaire". "Cela revient moins cher de passer une semaine en Tunisie tout compris, qu'une semaine au Cap d'Agde avec location d'appartement et repas au restaurant", souligne Jean-Pierre Mas.

Conséquence de cette embellie touristique : le tourisme, qui représenterait environ 7% du PIB du pays (certains estiment que l'activité pèserait en fait autour des 20% !) et ferait travailler 14% de sa population active, fait à nouveau rentrer les devises. De janvier à avril 2019, les recettes du secteur se sont établies à 331 millions d'euros, en hausse de 36,4% par rapport à la même période de 2018 (1,22 milliard d'euros pour l'ensemble de l'année), selon l'agence spécialisée Ecofin

Vers la fin du tourisme exclusivement balnéaire?

Pour autant, ce succès ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Et il est peut-être fragile, car conjoncturel et lié aux aléas géopolitiques. Le pays se retrouve au niveau de 2010, alors que dans le même temps, la plupart de ses concurrents méditerranéens ont beaucoup progressé. Il a peut-être rencontré les limites du tourisme de masse.

En 2015, en pleine crise de la fréquentation touristique, le journal tunisien La Presse, cité par franceinfo Afrique, expliquait : "La Tunisie paye aujourd’hui le tribut d’un choix, qui date des premières décennies de l’indépendance. Le choix de bâtir une économie sur les services et sur la rente, rapide mais fragile, du tourisme balnéaire. Cela a pourtant donné ses fruits des années durant, mais des signes d’essoufflement ont commencé à émerger bien avant le soulèvement de 2011""Le tourisme allait déjà mal avant la révolution de 2011", confirmait l'année suivante, toujours à franceinfo Afrique, une journaliste tunisienne spécialisée. 

Le ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, à Tunis le 8 mai 2019 (FETHI BELAID / AFP)
Un constat que les autorités du pays semblent aujourd'hui reprendre à leur compte. L'un des objectifs du nouveau ministre du Tourisme, René Trabelsi, lui-même professionnel du secteur, nommé fin 2018, est de faire sortir les touristes "des vacances purement balnéaires et faire (re)découvrir les richesses du pays. Le sport, la culture, la thalasso, le Sahara, le golf…", comme l'expliquait le site spécialisé tourhebdo.com en décembre. Concernant les risques d'attentats, René Trabelsi a rappelé à l'AFP que "d'énormes efforts" ont été faits pour rétablir la sécurité.

Les projets du ministre

Dans le même temps, il aimerait faciliter la venue des touristes en basse saison. A cette fin, "le parc hôtelier est en cours de remise à niveau", a-t-il expliqué à tourhebdo.com. "Beaucoup d'hôtels qui fermaient l'hiver depuis la crise, vont rester ouverts", a-t-il précisé à l'AFP. Par ailleurs, "on est en négociation avec des tours-opérateurs (...) pour qu'ils gardent les avions charters" plus longtemps. Le ministre travaille aussi sur l'organisation d'événements sportifs et culturels.

René Trabelsi appelle par ailleurs ses concitoyens à se mobiliser contre ce qu'il qualifie de "terrorisme environnemental", en commençant par les dépôts anarchiques d'ordures. "J'utilise ce mot pour choquer et alerter", explique-t-il, en avertissant qu'un "mauvais environnement" fait "fuir les touristes, comme quand il y a un attentat".

Après la révolution de 2011, l'Etat et les collectivités locales de transition ont peiné à gérer la question des déchets. Des conseils municipaux ont été élus démocratiquement pour la première fois en 2018. Mais le travail pour dépolluer l'environnement reste long. "On a aussi un problème de culture", avance le ministre du Tourisme: "Si chacun balayait devant sa porte, ce serait déjà énorme".

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