"Les armateurs internationaux se sont détournés" : l'économie égyptienne et le canal de Suez en difficulté face aux attaques des Houthis
En temps normal, 12% du commerce mondial transite par le canal de Suez. Mais ces dernières semaines, le ballet des cargos a brutalement ralenti. "Jusqu’alors, les rapports indiquent une chute de 14% sur le dernier mois", explique Timothy Kaldas, chercheur associé au Tahrir Institute for Middle East Policy.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023, rien ne va plus en mer Rouge et l’Égypte est l’un des principaux pays à en payer le prix. Les attaques des Houthis sur de nombreux navires conduisent à la chute du trafic dans le canal de Suez, source de revenus majeure pour le pays le plus peuplé du monde arabe. Si la situation venait à durer, l’Égypte pourrait rencontrer de graves difficultés, alors même qu’elle traverse déjà la pire crise économique de son histoire.
Le canal de Suez a rapporté 9 milliards de dollars à l'Egypte en 2023
"La plupart des grands armateurs internationaux se sont détournés de la route afin d’éviter les attaques de Houthis", raconte Timothy Kaldas. Un manque à gagner vital pour le pays. L’année dernière, les revenus du canal de Suez ont rapporté à l’Égypte près de 9 milliards de dollars. "Ce revenu a représenté l’année dernière à peu près 2% du PIB. Mais le plus important, c’est que ces capitaux arrivent en monnaie forte", rappelle le chercheur. Cette crise arrive en effet au plus mauvais moment pour le pays, confronté depuis plusieurs années maintenant à une importante crise de liquidités.
"Toute nouvelle réduction des ressources en monnaie étrangère déstabilisera encore la livre égyptienne, qui a déjà perdu 50% de sa valeur depuis le début de l’année dernière."
Timothy Kaldas, chercheur associé au Tahrir Institute for Middle East Policy.à franceinfo
Le gouvernement égyptien négocie actuellement avec les grands armateurs internationaux pour tenter de les dissuader de changer leur route. Selon le Fonds monétaire international (FMI), les volumes qui transitent par le cap de Bonne Espérance, au large de l’Afrique du Sud, ont déjà bondi de 67%.
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