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Egypte : le journaliste Mahmoud Hussein remis en liberté après quatre années de détention préventive

Le journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazeera n'a jamais été jugé, victime du bras de fer entre l'Egypte et le Qatar. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Mahmoud Hussein (capture d'écran du site Al-Jazeera). (Al-Jazeera)

L'Egypte a remis en liberté Mahmoud Hussein, journaliste de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera. Il était en détention préventive depuis décembre 2016, soupçonné de "diffusion de fausses informations".

Le journaliste égyptien a été libéré le 4 février au soir, a précisé une source sécuritaire à l'AFP. Une information qui n'a encore été confirmée, ni par les autoritées, ni par la chaîne de télévision. Al-Jazeera avait affirmé à maintes reprises qu'il était détenu sans inculpation formelle, sans procès et sans condamnation.

Bras de fer entre le Qatar et l'Egypte

Citoyen égyptien, Mahmoud Hussein vit au Qatar, mais depuis 2010, il était correspondant permanent au bureau du Caire de la chaîne. En mai 2017, la diffusion de la chaîne sur internet est bloquée sur le territoire, accusée par le pouvoir de soutenir le mouvement des frères musulmans.

La sanction contre le média illustre le bras de fer entre l'Egypte et le Qatar. L'émirat est régulièrement accusé, et pas seulement par l'Egypte, de financer les mouvements islamistes un peu partout dans le monde.

Pour Mahmoud Hussein, il devenait très difficile, dans ce contexte, d'exercer son métier. Il a été agressé à plusieurs reprises, précise son employeur, qui avait décidé de le rapatrier à Doha. C'est en revenant dans son pays pour revoir sa famille à l'occasion des fêtes qu'il est arrêté en décembre 2016.

Quatre ans sans procès

En quatre années, aucune charge formelle ne lui a été signifiée. La "diffusion de fausses informations" n'a jamais été étayée affirment ses proches. De ce fait, aucun procès ne s'est tenu, et la détention préventive du journaliste était régulièrement prolongée.

En mai 2019, une demande de mise en liberté est rejetée, et la justice lance une nouvelle procédure à son encontre, une fois de plus sans en préciser les motifs. Même le décès de son père en novembre 2019 n'infléchira pas la position du pouvoir égyptien qui refuse à Mahmoud Hussein d'assister à son enterrement.

A mesure que la détention se poursuivait, ses proches s'inquiétaient de l'état de santé du journaliste. Mais malgré la pression internationale, Mahmoud Hussein a été maintenu en détention pendant plus de quatre années, 1500 jours, sans jamais avoir été jugé.

Pour l'heure, aucune information n'a filtré sur les raisons de cette libération. Al-Jazeera n'a pas encore relayé l'information sur son site internet, et les autoritées égyptiennes n'ont fait aucuune déclaration.

"Fausses informations"

Car Al-Jazeera reste encore dans le viseur du pouvoir égyptien. Il y a peu de temps encore, en mai 2020, 11 personnes ont été arrêtées. Elles sont accusées d'avoir "inventé" de fausses informations au profit de la chaîne qatari, afin de "porter atteinte à la sécurité intérieure du pays". Toujours selon l'accusation, ces personnes collaboraient avec l'organisation des Frères musulmans.

Mais Al-Jazeera n'est pas le seul média visé en Egypte par le pouvoir d'Al-Sissi. Selon Reporters sans Frontières, l'Egypte "est l'une des plus grandes prisons au monde pour les journalistes".

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