Visite à Paris du président égyptien : Emmanuel Macron a évoqué le cas de Ramy Shaath, détenu au Caire, annonce l'épouse du militant
Céline Lebrun-Shaath espère "que ces mots seront suivis d'action" et que son mari, l'une des figures du printemps arabe, détenu depuis 518 jours au Caire, pourra passer Noël en famille en France.
Emmanuel Macron recevait lundi 7 décembre à l'Elysée le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour renforcer la coopération entre les deux pays face aux crises régionales, notamment en Libye. Une visite polémique car le pays est accusé par les ONG de bafouer les droits humains notamment en emprionnant de nombreux opposants au pouvoir. C'est le cas de Ramy Shaath, une des figures du printemps arabe, détenu depuis 518 jours. "Emmanuel Macron vient d'annoncer qu'il en a parlé avec le président égyptien. Aujourd'hui, on espère que ces mots seront suivis d'action", a déclaré, sur franceinfo, sa femme, Céline Lebrun-Shaath. "J'espère qu'il pourra être à nos côtés pour Noël".
franceinfo : Qu'est-il reproché à votre époux ?
Céline Lebrun-Shaath : De manière officielle, il lui est reproché, comme on peut le voir de manière systématique avec tous les membres de la société civile qui sont aujourd'hui en prison, ce sont des accusations liées au terrorisme comme l'appartenance à un groupe terroriste, la diffusion également d'informations mensongères. Voilà le genre d'accusations qui touchent mon mari sans fondement. D'ailleurs, les Nations Unies ont eu l'occasion de dénoncer et de mettre en garde l'Egypte contre l'utilisation des législations terroristes pour cibler et réprimer la société civile et les défenseurs des droits humains comme mon époux.
Savez-vous dans quelles conditions il est détenu ? Avez-vous de ses nouvelles ?
Depuis mon expulsion illégale d'Egypte lors de son arrestation, je n'ai pas pu voir mon mari. Nous avons été autorisés à nous parler deux fois seulement, en mai et en août. Nous avons beaucoup de mal à échanger. Mercredi dernier, c'était la visite au parloir mensuelle à laquelle la famille sur place a droit, et il a tenté de leur remettre une lettre qui m'était destinée. Les autorités pénitentiaires ont refusé de laisser passer cette lettre. Je suis donc en contact avec mon époux de manière indirecte.
Je sais qu'il est dans des conditions extrêmement difficiles, dans une cellule de 25 mètres carrés, avec 13 autres co-détenus, à même le sol, avec des couvertures.
Céline Lebrun-Shaathà franceinfo
Il fait extrêmement froid puisque les fênetres de la cellule ne bénéficient pas de vitres.
Vous en appelez directement à Emmanuel Macron. Est-ce que vous savez si la France s'occupe du cas de votre mari ?
Le cas de mon mari est porté au plus haut niveau. Emmanuel Macron vient d'annoncer qu'il en a parlé avec le président égyptien. Aujourd'hui, on espère que ces mots seront suivis d'action, et que nous verrons très prochainement la libération de mon époux. Tout ce que je souhaite, c'est qu'il puisse être à nos côtés pour Noël, car cela fait 518 jours que nous regardons une chaise vide à la table à dîner, et c'est extrêmement douloureux.
La visite du président égyptien al-Sissi a été précédée de quelques libérations, vous avez espoir que la libération de votre mari puisse suivre ?
Nous avons espoir, les déclarations du président français vont dans ce sens. Le soutien croissant que nous recevons du monde entier, de tous les appels qui sont faits, qui sont portés pour la libération de mon mari nous donnent espoir, et j'ai l'espoir que les autorités égyptiennes entendront cet appel et libèreront mon époux.
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