Des milliers de migrants africains coincés par la guerre au Yémen
Empêchés de traverser ce pays en direction des pays du Golfe, 1800 migrants africains sont actuellement parqués dans un stade d'Aden, où leurs conditions de vie suscitent de vives inquiétudes.
Les pays du Golfe attirent toujours des milliers d’Africains venus de la Corne de l’Afrique pour y travailler. Le problème, c’est qu’ils doivent pour cela traverser le Yémen en guerre. Mi-avril, les forces de sécurité d'Aden ont lancé une campagne pour rapatrier tous les migrants, a indiqué une source policière à l'AFP. Après les avoir placés dans des camps de fortune à travers la ville, ils ont été rassemblés dans le stade situé dans le quartier du 22-Mai, selon cette source.
Ces migrants viennent principalement d'Ethiopie, selon l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM). Ils ont été arrêtés par les services de sécurité d'Aden, contrôlée par des forces pro-gouvernementales. "Selon nos estimations, il y a 1789 migrants sur le site", a déclaré à l'AFP Olivia Headon, porte-parole de l'OIM au Yémen, en soulignant que le stade où ils sont parqués ne présente aucune norme de santé ou de sécurité. Ce sont en majorité des hommes adultes, mais il y a aussi 389 garçons et 28 filles de moins de 18 ans, a dit Mme Headon.
Le Yémen est en guerre depuis plus de quatre ans. Les rebelles houthis, soutenus par l'Iran et maîtres de la capitale Sanaa, tiennent tête aux forces pro-gouvernementales, appuyées militairement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Le conflit au Yémen a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, selon les Nations unies.
Assis en plein air
Les migrants de la Corne de l'Afrique passent par Djibouti avant d'entreprendre la périlleuse traversée en mer en direction d'Aden. De là, ils tentent généralement de se rendre dans d'autres pays du Golfe, à la recherche d'un travail.
Certains ne survivent pas à la traversée en raison de naufrages ou parce qu'ils sont forcés par des trafiquants à sauter à l'eau à l'approche des côtes yéménites alors qu'ils ne savent pas nager.
Dans le stade d'Aden, ils sont assis en plein air, se disputant des morceaux de pain, parlementant avec des policiers ou tentant de se protéger du soleil. Mohammed Nour, un Ethiopien, a débarqué il y quelques jours. "Je ne veux pas rester au Yémen, je veux aller en Arabie saoudite chercher du travail, dit-il à l'AFP. Il n'y a ni nourriture, ni eau, ni salle de bain, ni douche. Nous avons faim, ils nous tuent de faim. Je leur ai dit qu'il vaut mieux mourir."
"Je suis ici depuis deux jours", indique Abdallah Nour, un autre Ethiopien. "Nous avons eu des problèmes avec les soldats et la police. Il n'y a pas d'ombre et on est coincés ici sous le soleil."
L'OIM s'inquiète de leurs conditions de vie
"Le site n'est pas fait pour accueillir qui que ce soit, même pas une seule personne, et encore moins des milliers de personnes, souligne Mme Headon. Ils n'ont pas accès aux toilettes. Ils doivent faire leurs besoins à l'extérieur, ce qui représente un énorme problème de santé. Il n'y a pas d'abri. Il n'y a pas de couvertures."
"Nous avons commencé à transporter de l'eau par camion, à effectuer des examens médicaux et à distribuer de la nourriture, avec l'aide d'organisations locales, mais l'accès aux denrées alimentaires reste limité", a-t-elle déploré.
L'OIM travaille actuellement avec d'autres agences de l'ONU pour aider les migrants à rentrer chez eux sur la base du volontariat. En janvier 2019, l'Organisation avait annoncé son intention de rapatrier par avion quelque 3000 migrants éthiopiens cette année. 140 000 Ethiopiens sont arrivés au Yémen en 2018, selon l'Organisation internationale des Migrations.
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