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Ethiopie : la population d’Oromia se soulève contre les saisies de terre

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans la région d’Oromia, la plus vaste et la plus peuplée d’Ethiopie. Elles s’opposent à l’attribution d’unités de logements construits sur des terres indûment acquises.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des Ethiopiens manifestent devant le centre d'information des Nations unies à Pretoria, en Afrique du sud, le 1er février 2016, contre les violations des droits de l'Homme dans la région d'Oromia en Ethiopie. (IHSAAN HAFFEJEE / ANADOLU AGENCY)

Pour la deuxième journée consécutive, des foules immenses ont envahi le 8 mars 2019 les rues des principales villes et agglomérations de l’Etat régional d’Oromia, une vaste région s’étendant de l’est au sud-ouest du pays et englobant la capitale Addis-Abeba.

Des logements attribués par tirage au sort

A Adama, Shashemene, Zssela ou Bale Robe, pour ne citer que celles-là, l’origine de la colère des manifestants était la même contre l’Administration de l’épargne et la construction de logements (AASHDE) : la construction et l’attribution de milliers de logements en copropriété de manière illégale.

Selon Africanews, l’administration municipale aurait alloué en début de semaine quelque 12 000 appartements sur les 51 000 construits par le gouvernement pour résoudre la grave pénurie de logement.

De son côté, le site d’information éthiopien Ezega news précise que les attributions se sont faites à l’aide d’un système de loterie informatisé. Les gagnants du tirage au sort, dirigé par le maire adjoint d’Addis-Abeba, ont reçu des appartements avec trois, deux ou une chambre à coucher ainsi que des studios. Lors du tirage au sort, le responsable municipal, Takele Uma Banti, a toutefois précisé que les familles des agriculteurs touchés avaient été incluses dans l’allotissement sans passer par la loterie.

"Nous voudrions dire que votre souffrance est la nôtre, en particulier pour ceux d’entre vous qui ont perdu leurs terres agricoles et qui ont été exposés à la crise économique et sociale", a déclaré le maire-adjoint.

Des terres acquises à prix dérisoire

Car c’est surtout le mode d’acquisition des terres sur lesquelles ces logements ont été construits qui a déclenché le mouvement de protestation. Selon des manifestants cités par BBC Afrique, des milliers d’agriculteurs forcés de quitter leur terre ont reçu des indemnités "dérisoires" ne tenant pas compte de la valeur foncière réelle.

A la suite de ces manifestations dont le site Oromo press a diffusé les images, le gouvernement régional de l’Etat d’Oromia a critiqué l’administration de la ville d’Addis Abeba pour son traitement de l’attribution des logements. Il a également reconnu que ces terres n’auraient jamais dû être occupées.

Cette région avait été au cœur de manifestations qui avait éclaté en 2015 contre un plan d’élargissement des frontières de la capitale. Elles s’étaient transformées en manifestations anti-gouvernementales qui ont conduit à un changement politique, rappelle Africanews.

Le plan d'expansion a été abandonné en 2015, mais les manifestations ont forcé le Premier ministre de l'époque, Hailemariam Desalegn, à démissionner début 2018, marquant l'arrivée au gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed.

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