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Présidentielle en Guinée : l'inévitable crise post-électorale

Le président Alpha Condé a appelé le 21 octobre sur les réseaux sociaux ses concitoyens au "calme" .

Article rédigé par Falila Gbadamassi - Avec agences
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Des femmes traversent la route en courant, dans la capitale guinéenne Conakry, lors d'une manifestation de masse le lendemain de la publication des résultats préliminaires pour cinq communes de la ville, le 21 octobre 2020. (JOHN WESSELS / AFP)

Sans surprise, la Guinée s'enfonce dans une crise post-électorale au lendemain du premier tour de la présidentielle du 18 octobre 2020. Selon un communiqué du ministère de la Sécurité civile, il y a eu "9 morts dont un policier" au cours des incidents qui se sont déroulés "dans les journées du 19 au 21 octobre 2020, suite à la proclamation de la prétendue victoire du leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition)", Cellou Dalein Diallo.

Revenant sur les violences de ces derniers jours dans la capitale Conakry, notamment, le site d'informations Guinéenews résume ainsi la situation : "Des manifestants acquis à l'opposition, qui n’écoutent plus que leur colère, affrontent des forces antiémeutes à la gâchette facile, le long de l’autoroute (Leprince)". Et le journal de conclure : "En attendant, c’est la Guinée qui part en vrille sous le regard indifférent de la communauté internationale."

Pour l'heure, l'ambassade des Etats-Unis en Guinée a publié un communiqué où elle encourage "toutes les parties prenantes, quelle que soit leur affiliation politique, à œuvrer ensemble dans l’intérêt commun du peuple guinéen".

Depuis que le président Alpha Condé a exprimé son intention de briguer un troisième mandat, la Guinée vit une crise permanente.

Un troisième mandat décrié par l'opposition 

Après avoir été élu en 2010 et 2015, le président sortant est candidat à 82 ans à sa propre succession, grâce à une nouvelle Constitution adoptée après une contestation, réprimée dans le sang, de plusieurs mois. Suite aux violences de ces derniers jours, Alpha Condé a appelé le 21 octobre ses concitoyens au "calme" sur les réseaux sociaux.

Peuple de Guinée, Je réitère mon appel, à tous, au calme et à la sérénité, en attendant l'issue du processus électoral...

Publiée par Alpha Condé sur Mercredi 21 octobre 2020

"Bien sûr qu'il y aura un vainqueur, mais ce n'est pas pour autant que la démocratie sera menacée ou que la paix sociale devient impossible. Si la victoire me revient, je reste ouvert au dialogue et disponible à travailler avec tous les Guinéens", a assuré Alpha Condé sur Facebook dans un post accompagné d'une petite fleur et de l'humeur "se sent optimiste". Le président sortant s'est dit en effet "conforté" par les premiers résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Ils lui donnent la victoire dans 14 des 20 circonscriptions dont les résultats ont été publiés. Les six autres revenant à son principal challenger, Cellou Dalein Diallo. 

Un candidat auto-proclamé vainqueur 

Le leader de l'opposition n'a pas attendu les résultats de la Céni pour s'autoproclamer vainqueur de la présidentielle dès le 19 octobre. Dans une vidéo publiée deux jours plus tard, il dénonce "l'armée de fraudeurs" qui accorde pour l'heure la victoire à Alpha Condé. Cellou Dalein Diallo y remercie d'emblée, avec un large sourire, ses partisans qui l'ont élu "dès le premier" tour. L'opposant affirme avoir remporté "53%" des suffrages exprimés selon les résultats compilés par son parti et l'alliance politique à laquelle il appartient. Se disant "séquestré", le chef de l'UFDG a profité de cette intervention pour saluer le "combat héroïque" de ses militants, présenter ses condoléances à leurs proches et inviter à "prier le Tout-Puissant pour (que les disparus) soient accueillis dans son paradis éternel"

L'UFDG accuse le pouvoir d'être responsable des violences actuelles. Le siège de la formation politique a fait l'objet d'une "perquisition qui a abouti a des saisies de matériel", a indiqué à l'AFP le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara. Cellou Dalein Diallo a, pour sa part, fait état du saccage de ses bureaux par les forces de l'ordre. 

Une commission électorale qui égrène les résultats

La proclamation des résultats au compte-gouttes ne contribue pas à apaiser les tensions. D'autant que la Céni a été prise au dépourvu par le candidat de l'opposition qui a proclamé de facto sa victoire dans les heures suivant le scrutin.

Résultat : la commission a dû rappeler qu'elle était la seule habilitée à proclamer les résultats et rajouté que les premiers seraient connus "dans un délai maximum de 72 heures à compter de la réception du dernier procès-verbal des CACV (commissions administratives de centralisation des votes)", rapporte Conakryinfos.

La Céni a ainsi commencé, le 20 octobre, à communiquer les résultats provisioires de l'élection présidentielle dans 4 des 38 circonscriptions du pays. Après avoir annoncé la veille une large victoire du candidat Alpha Condé dans ces circonscriptions, dont trois à Conakry et sa périphérie, la Céni a poursuivi le 21 octobre la publication, cette fois-ci dans 16 circonscriptions. Le président sortant a remporté la majorité absolue dans les deux-tiers d'entre elles, selon les chiffres lus pendant près d'une heure par le président de la Céni, Kabinet Cissé. Apha Condé réalise, pour le moment, ses scores les plus élevés en Guinée Forestière (sud-est).

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