Près de 200 millions de femmes sont sexuellement mutilées dans le monde. La mutilation génitale féminine (MGF) ou excision est une opération qui se traduit par l'ablation totale ou partielle du clitoris, et parfois des petites lèvres. La suture des grandes lèvres peut aussi être pratiquée (infibulation). Cette pratique se concentre principalement dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
Sur ces 29 pays, 24 condamnent cette pratique. Pourtant, il est très difficile de l’enrayer car elle est avant tout sociale et culturelle. Protéger la virginité avant le mariage, ne pas exclure la jeune fille de la communauté et respecter les préceptes religieux sont les raisons évoquées par ceux qui font perdurer cette tradition. Une dernière raison souvent invoquée à tort, car aucun texte religieux n’impose cette mutilation.
Un espoir pourtant se dessine. Le taux de mutilations est en régression. Les adolescentes sont largement moins touchées que leurs mères : 30%, voire 50% de moins dans certains pays comme le Bénin, la République centrafricaine, le Liberia ou le Nigeria.
Mais si l’on peut se réjouir que cette tendance à la baisse depuis 30 ans, le pourcentage de femmes concernées reste alarmant dans de nombreux pays d’Afrique et du Moyen-Orient : Somalie (98%), Guinée (97%), Djibouti (93%) et Egypte (91%).
Mais cette baisse est globalement plus lente que la croissance démographique. Ainsi, le nombre de victimes passera de 3,6 millions par an à plus de 4 millions en 2050.
En 2014, Maggie O’Kane, journaliste au Guardian, a lancé une pétition pour convaincre le gouvernement de prévenir du danger de l’excision et tenter de susciter le changement dans les communautés. En Europe, le Royaume-Uni est le plus touché par l’excision avec 137.000 victimes.
Dans le même temps, Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU alors en tournée dans la Corne de l'Afrique, a appuyé la campagne de Maggie O’Kane en lançant un appel aux journalistes africains : «Les choses peuvent changer si les médias accordent une attention soutenue aux conséquences néfastes des (mutilations) en terme de santé publique, et aux violations des droits de centaines de milliers de femmes et filles à travers le monde.»
Le Kenya, qui a interdit cette pratique en 2011, est le premier pays d'Afrique à s'engager dans cette campagne.
Dans ce pays, ce problème en soulève un autre toujours dans la lutte contre les violences faites aux femmes : celui des mariages forcés.
Pour illustrer ce propos, franceinfo Afrique vous propose de découvrir le travail du photographe Siegfried Modola. Il s'est rendu en octobre puis en décembre 2014 dans une zone rurale du comté de Baringo, au Kenya. Il a pu assister à une cérémonie de mariage et à un rituel d’excision chez les Pokot, une ethnie vivant principalement à l'ouest du Kenya et en Ouganda.
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