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Massacre d'éléphants : le Kenya en première ligne pour arrêter le carnage
Des chefs d’Etat africains réunis au Kenya pour sonner la fin du trafic illégal de l’ivoire. C’est une première sur un continent où les éléphants sont menacés de disparaître dans une vingtaine d’années au plus tard, si rien n’est fait pour arrêter le carnage. 30.000 disparaissent chaque année, abattus par des braconniers pour leurs défenses.
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Le calcul réalisé par les ONG de défense des animaux est sans appel : additionnées, les morts naturelles des éléphants et celles imputées aux braconniers surpassent le taux de reproduction de l’espèce.
Pour la seule Tanzanie, la population d’éléphants à l’état sauvage est passée de près de 110.000 spécimens en 2009 à 43.000 en 2014, selon des statistiques officielles. L’Afrique n’abrite plus aujourd’hui que 450.000 à 500.000 éléphants.
En convoquant un sommet consacré à ce problème, le président kenyan, Uhuru Kenyatta, veut amplifier la prise de conscience mondiale pour aboutir à une interdiction totale du commerce de l’ivoire.
Les éléphants, «une partie essentielle de notre héritage»
Ce samedi 30 avril 2016, le Kenya compte joindre les actes à la parole, en brûlant la quasi-totalité de son stock d’ivoire. 105 tonnes d’ivoire partiront en fumée dans le parc national de Nairobi. C’est la plus grande quantité jamais détruite en une seule fois, représentant 5% du stock mondial actuel d’ivoire.
«Tant que vous gardez ces stocks, vous suggérez qu’il y aura de nouveau un marché à l’avenir. Perdre nos éléphants, ce serait perdre une partie essentielle de l’héritage qui nous a été confié. Tout simplement, nous ne permettront pas que ça arrive», a lancé le président Uhuru Kenyatta à l’ouverture de la rencontre de Nanyuki dans le centre du pays.
Ce sommet est aussi l’occasion pour le Kenya de présenter sa boîte à outils anti-braconnage. Des mesures innovantes qui commencent à porter leurs fruits. Le pays n’a dénombré que 93 éléphants tués en 2015 contre 164 en 2014.
Les recettes anti-braconnage du Kenya
Le Kenya a mis sur pied une brigade de chiens renifleurs d’ivoire dans l’aéroport international de Nairobi, qui a déjà permis plusieurs saisies et arrestations de contrebandiers à destination de l’Asie du Sud-Est.
Dans la réserve privée d'Ol Pejeta, dans le centre du pays, une équipe d’intervention rapide se déplaçant à bord d’hélicoptère est à pied d’œuvre depuis 2011.
Equipement de visée nocture, communications radio cryptées, armement sophistiqué et entraînement dispensé par d’anciens membres des forces spéciales britanniques, rien n’a été laissé au hasard. Jusqu’au chien Diego, capable de suivre la piste de braconniers et l’ivoire qu’ils transportent.
Depuis, le nombre d’incidents liés au braconnage a drastiquement chuté dans la zone. Mais cette approche militaire sur le terrain a un coût : près de deux millions de dollars par an pour la réserve.
Des appels à une prohibition totale des ventes
De nombreux protecteurs des animaux ont répondu à l’invitation du président Kenyan et ont fait le déplacement. Ils plaident pour une prohibition totale des ventes d’ivoire.
«Vivants, les éléphants représentent une importante source de revenus pour les économies locales, via le tourisme, et à long terme, leur valeur est bien plus grande quand ils vagabondent dans les savanes et forêts africaines que lorsque leur ivoire orne une cheminée ou le bracelet de quelqu’un», explique le directeur du Fonds David Sheldrick pour la protection de la faune.
La Chine pointée du doigt
Les défenseurs des éléphants sont formels : la lutte anti-braconnage ne résoudra pas tout. Ils rappellent que le problème provient de la demande en Asie et notamment de la Chine ou la revente de «l’or blanc» est particulièrement abondante. La Chine s’est récemment engagée à durcir sa législation sur les importations.
«Nous avons besoin d’assister à l’interdiction complète du marché intérieur chinois. Si cela arrivait, le problème du braconnage disparaîtrait du jour au lendemain», affirme Max Graham, directeur de Space for Giants.
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