Le Premier ministre libyen "arrêté" puis relâché par d'anciens rebelles
Dans un contexte de tensions avec les islamistes, un commando d'ex-rebelles a forcé Ali Zeidan à les suivre, avant d'être libéré quelques heures plus tard.
Le gouvernement libyen parle d'"acte criminel". Le Premier ministre, Ali Zeidan, a été emmené de force par des hommes armés dans un hôtel à Tripoli, jeudi 10 octobre, avant d'être relâché quelques heures plus tard. L'information de son enlèvement, d'abord annoncée par des médias arabes, a été confirmée par le gouvernement libyen dans un communiqué : "Le chef du gouvernement de transition, Ali Zeidan, a été conduit vers une destination inconnue pour des raisons inconnues par un groupe."
Comment s'est déroulé l'enlèvement ?
Dans un premier temps, un flou a entouré les circonstances de ce départ forcé. Un vigile de l'hôtel Corinthia, où séjournait le Premier ministre à Tripoli, a évoqué une "arrestation". "Un grand nombre d'hommes armés sont entrés dans les lieux très tôt jeudi. Mais nous n'avons rien compris à ce qui se passait", a indiqué un employé de l'hôtel. Une heure après l'annonce de l'incident, un groupe d'anciens rebelles, "la cellule des opérations des révolutionnaires de Libye", a finalement revendiqué l'enlèvement, affirmant avoir "arrêté" Ali Zeidan.
Selon cette cellule, qui dépend officieusement des autorités libyennes, Ali Zeidan a été arrêté "sur ordre du parquet", conformément aux articles relatifs aux "crimes et délits préjudiciables à l'Etat" et aux "crimes et délits préjudiciables à la sûreté" de l'Etat. Le Conseil des ministres a toutefois indiqué "ne pas être au courant d'une levée de l'immunité ou d'aucun ordre d'arrestation".
Détenu par une cellule anti-crime, Ali Zeidan a finalement été relâché quelques heures plus tard par ses ravisseurs.
Pourquoi Ali Zeidan a-t-il été arrêté ?
Pour justifier leur acte, les anciens rebelles clament que le gouvernement a autorisé la récente capture d'un activiste islamiste en Libye. Un commando américain a en effet capturé, samedi 5 octobre à Tripoli, Abou Anas al-Libi, un leader présumé d'Al-Qaïda, recherché pour son rôle dans les attentats de 1998 contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya. Cette capture, menée par les Navy seals américains, a suscité la colère de mouvements islamistes, certains accusant le gouvernement libyen d'avoir été informé au préalable de cette opération.
Ali Zeidan, libéral élu en octobre 2012 par le Parlement libyen, est également confronté à une pression croissante des islamistes depuis plusieurs mois. Sa récente visite en Egypte, au mois de septembre, a provoqué la colère des mouvements islamistes libyens. Notamment parce qu'il a rencontré le président égyptien par intérim, Adli Mansour, et le général Al-Sissi, le chef de l'armée égyptienne qui a destitué début juillet le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans. Un entretien qui a aggravé les tensions dans le pays, en proie à une crise pétrolière et à une insécurité croissante.
Dans une interview accordée à CNN, jeudi 26 septembre, Ali Zeidan avait déclaré : "Nous sommes en train de créer un Etat et nous n'en avons pas honte", comme le relayait la version Maghreb du Huffington Post.
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