Cet article date de plus de six ans.

Les rebelles du Darfour renforcent leur présence dans la Libye d’Haftar

Des rebelles de la région soudanaise du Darfour sont en train de renforcer leur présence en Libye et de consolider leurs capacités militaires pour tenter de retourner combattre au Soudan, selon un rapport confidentiel de l'ONU consulté par l'AFP. Déjà signalée, cette présence de miliciens du Darfour en Libye, contribue selon certaines sources, à la déstabilisation de la Libye.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Forces paramilitaires soudanaises chargées de surveiller la frontière entre la Libye et le Soudan en 2017. Les deux pays ont une frontière commune d'environ 380 km de long, dans l'extrème sud-est de la Libye. (ASHRAF SHAZLY / AFP)

Evoqué par l'AFP le 16 août, ce texte élaboré par des experts de l'ONU, «ces derniers mois, la plupart des groupes rebelles du Darfour ont consolidé leur présence en Libye », devenue « une source importante de financement pour les groupes armés darfouris », indique le rapport de 53 pages récemment envoyé au Conseil de sécurité.

En janvier dernier, déjà, RFI, citant aussi un rapport de l’ONU, affirmait que «le sud de la Libye est devenu une base arrière pour les mouvements d'opposition du Darfour, au Soudan». En juin, toujours citant des experts de l’ONU, Le Monde écrivait que «des groupes rebelles originaires du Darfour (Soudan) et du Tchad sont aujourd’hui impliqués dans la guerre civile en Libye».

Plusieurs de ces combattants du Darfour ont rejoint des groupes armés libyens et «seraient en train de renforcer leurs capacités militaires afin d'être prêts à revenir au Soudan quand l'environnement sera propice», selon ce rapport. Ce dernier confirme que de récents combats dans la région montagneuse du Jebel Marra, au Darfour (région située à l’ouest du Soudan), après presque un an de répit, ont provoqué «un nombre significatif de victimes des deux côtés et parmi les civils». Des milliers de personnes ont dû fuir le Jebel Marra depuis février. Beaucoup d'entre elles se sont réfugiées dans des grottes ou des vallées, sans accès à de l'eau ou à de la nourriture, selon le document.

Miliciens du Darfour chez le maréchal Haftar
Tous les groupes armés majeurs du Darfour sont présents en Libye et beaucoup ont rejoint les rangs du puissant maréchal Khalifa Haftar. «La présence d’ex-proches de Kadhafi au côté de Haftar a facilité la réactivation de ces liens à partir de la fin 2014. Ainsi l’Armée de libération du Soudan de Minni Minawi (SLA-MM), une des factions darfouris, s’est-elle déployée d’abord dans le Fezzan aux côtés des milices toubous – pro-Haftar – avant de remonter progressivement vers le nord-est, soutenant les efforts du chef de l’ANL visant à prendre le contrôle de certains sites du Croissant pétrolier», précisait Le Monde.

Fin mai, le ministre des affaires étrangères libyens (représentant l'ouest du pays) avait mis en garde contre des rébellions africaines qui ont installé des bases d'entraînement dans le sud-libyen, selon RFi.

Les experts se sont rendus au Soudan deux fois, en avril-mai puis en juin-juillet, pour des discussions avec le gouvernement, qui a assuré qu'il ne menait pas de campagne militaire au Darfour, mais des opérations contre des bandits. Le gouvernement «continue à transférer du matériel militaire au Darfour pour appuyer les diverses forces de sécurité qui y sont déployées, en violation de l'embargo sur les armes», selon le rapport.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a récemment décidé de réduire les effectifs de la force de paix conjointe des Nations unies avec l'Union africaine au Darfour (Minuad), et jeté les bases d'un retrait total à la fin 2020.
           
Le conflit au Darfour, une région vaste comme la France, a commencé en 2003 quand des rebelles issus de minorités ethniques et s'estimant marginalisés par le pouvoir central ont pris les armes contre le gouvernement de Khartoum. Selon les Nations unies, le conflit a fait environ 300.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés.







Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.