Libye : l’inquiétude grandit face au risque d’enlisement
Les rebelles estiment que l’OTAN fait défaut à leur combat, qu’ils ne sont pas assez aidés militairement depuis que l’Alliance atlantique a pris le contrôle des opérations militaires en Libye.
Pour Jean-Dominique Merchet, qui anime notamment le blog secret-défense sur marianne2.fr, "ce qui fait défaut, c’est surtout la rébellion libyenne.
La résolution 1973 de l’ONU le spécifie bien, interdisant toute intervention au sol de la coalition : l’opération de la communauté internationale "avait été conçue comme une opération purement aérienne pour soutenir des forces au sol. Et ces forces n’existent pas", poursuit Jean-Dominique Merchet. "Les capacités offensives de cette rébellion sont proches de zéro (…) Les manifestants armés ne sont pas des soldats", ajoute-t-il.
Enlisement
Au final, "on a l’impression, comme on le dit de plus en plus dans les milieux militaire et diplomatique, d’un enlisement", analyse Jean-Dominique Merchet.
_ Et le fait que l’OTAN démente ce matin l’idée d’une impasse politique ou militaire en Libye montre au moins que la question se pose.
En face, les troupes de Kadhafi résistent. Le "guide" a perdu un tiers de ses forces – son aviation et ses chars pour l’essentiel – mais son armée "s’est adaptée, comme il était prévisible qu’elle le fasse", estime Jean-Dominique Merchet. "Ils sont maintenant dans des véhicules banalisés, très difficiles à identifier vus du ciel", poursuit-il.
Kadhafi "dispose donc encore de troupes organisées, d’une artillerie qui permet de frapper à une vingtaine de kilomètres. On est donc dans une forme de statu quo".
Et dans ce contexte, "la mauvaise nouvelle de cette semaine est le retrait des Américains" qui, depuis lundi soir, ne participent plus aux frappes.
Vers une opération terrestre ?
"Espérons que non", déclare Jean-Dominique Merchet. "Personne n’a envie d’y aller (…) parce que nous avons déjà l’Afghanistan et la Côte d’Ivoire sur le dos. Faut-il en plus se mettre une opération au sol en Libye ? En tant que citoyen, je demande qu’on réfléchisse deux minutes", conclut Jean-Dominique Merchet.
Gilles Halais
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