Libye : répression à l'arme lourde, Kadhafi toujours à Tripoli
Une telle violence serait-elle le signe de la précarité croissante du régime Kadhafi ? Hier deux avions militaires libyens ont atterri à Malte. Leurs deux pilotes ont déserté. Au même moment des témoignages indiquaient le ralliement de l'armée aux manifestants dans plusieurs villes du pays. Sur l'antenne de France Info ce matin un autre témoignage laissait entendre que Mouammar Kadhafi ne peut plus compter sur l'ensemble des tribus qui soutenaient son régime.
Le dictateur seul contre tous. Afin de démentir les rumeurs selon lesquelles il avait pris la fuite, Kadhafi est apparu à la télévision libyenne hier soir. Sous la pluie, assis dans une voiture sensée le conduire sur la Place Verte pour dialoguer avec ses partisans, son intervention a duré montre en main... 22 secondes. "Je suis ici pour montrer que je suis à Tripoli et pas au Venezuela. Ne croyez pas ces chiens qui mentent", a-t-il affirmé. Acculé, son régime semble n'avoir qu'une seule stratégie : frapper fort pour venir à bout de la contestation.
"une catastrophe humaine contraire aux valeurs de l'islam et de l'humanité"
Hier des témoignages ont évoqué des bombardements de civils par l'aviation libyenne. Des informations démenties par le fils de Kadhafi, Seif al-Islam, dément que l’aviation ait touché la population : elle a selon lui bombardé des dépôts d’armes situés loin des zones urbaines. Mais les exilés qui fuient la Libye par la frontière avec la Tunisie racontent tous des scènes de violence extrême. Les organisations humanitaires chiffrent le bilan de la révolution entre 300 et 400 morts. La ministre française des Affaire étrangères Michèle Alliot-Marie, a annoncé le rapatriement de l'ensemble des ressortissants français présents en Libye. Trois avions de l'armée de l'air vont quitter Paris à destination de Tripoli.
L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a condamné l'usage de la force "excessive". Dans un communiqué publié à Jeddah (ouest saoudien), l'OCI dénonce "une catastrophe humaine contraire aux valeurs de l'islam et de l'humanité" et fait état d'un "nombre considérable de décès et de blessés". Navi Pillay, haute commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, s'est prononcée mardi pour l'ouverture d'une enquête internationale sur la répression des manifestations en Libye, estimant que des crimes contre l'humanité avaient peut-être été commis par les forces de sécurité.
Signe de la violence de la lutte entre les deux camps : les pistes de l'aéroport de Benghazi ont été totalement détruites. Selon le ministre égyptien des affaires étrangères, "il n'est pas possible pour les vols d'Egyptair ou tout autre avion d'atterrir sur cet aéroport".
Caroline Caldier, avec agences
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