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Attentat de Lockerbie : le retour de la piste iranienne, selon al-Jazeera

Retour de l’affaire de Lockerbie. La chaîne qatarie al-Jazeera affirme que l'attentat contre le Boeing 747 de la Pan Am effectuant la liaison Londres-New York aurait été le fait de l’Iran et non de la Libye. Une thèse immédiatement démentie par Téhéran. L'avion avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie faisant 270 morts.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Policier devant les restes du cockpit du boeing 747 de la Pan Am qui s'est écrasé à Lockerbie (Ecosse), le 22 décembre 1988. L'attentat avait fait 270 morts, dont onze habitants de la cité écossaise. (ROY LETKEY / AFP)

La Libye avait été pourtant jugée coupable de cet attentat. En 2003, le régime Kadhafi avait été obligé officiellement de reconnaître sa responsabilité dans l'attentat et avait payé 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes en guise de dédommagement. La seule personne condamnée, le Libyen Abdelbaset al-Megrahi, est décédée en mai 2012 en Libye, après avoir été libéré trois ans plus tôt par la justice écossaise pour raisons de santé.

En affirmant que Téhéran serait à l’origine de cet attentat, la chaîne qatarie revient aux premières pistes avancées lors du début de l’enquête. Le Figaro rappelait ainsi en 2009 : «Le représentant de l'ONU au premier procès, Hans Köchler, est également persuadé que les enquêteurs et les juges de 2001 (date du procès en Ecosse, NDLR) ont volontairement abandonné la première piste, celle de la Syrie et de l'Iran. Le mobile : après la destruction accidentelle d'un Airbus iranien par un navire de guerre américain, cinq mois avant Lockerbie, l'ayatollah Khomeyni avait promis à l'Amérique "une pluie de sang".» 
 
Et le journal d’expliquer le pourquoi de l’abandon de cette piste : «Selon les partisans de l'innocence de la Libye, l'Occident avait besoin du soutien actif de Damas et de la neutralité de l'Iran dans la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein.» 

A cette époque, Kadhafi (et son régime) faisait donc figure de «coupable idéal», notait ceux qui doutaient de la thèse libyenne.
 
Le reportage d’al-Jazeera reprend cette même thèse. L'Iran aurait financé un groupe armé palestinien, en représailles à la mort de 290 passagers d'un avion d'Iran Air abattu par la marine américaine cinq mois plus tôt au-dessus du Golfe.
  
Les réalisateurs d'al-Jazeera se basent sur le témoignage d'Abdolghassem Mesbahi, présenté comme un ancien responsable du ministère iranien du Renseignement ayant fait défection en Allemagne à la fin des années 1990.
  
Selon lui, le cerveau de l'opération aurait été Ahmad Jibril, chef du Front Populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) basé à Damas.
 
Un ex-agent de la CIA, Robert Baer, raconte dans le documentaire que l'agence américaine de renseignement avait rapidement acquis la conviction de l'implication du FPLP-CG et de l'Iran. Mais la Libye aurait finalement été montrée du doigt, les Etats-Unis refusant de s'aliéner le pouvoir syrien.
 
Aujourd’hui, le régime du «coupable idéal» a sombré avec la mort de son chef et la guerre civile bat son plein en Syrie. Les forces d’Ahmed Jibril, Palestinien passé depuis longtemps avec armes et bagages sous l’emprise du régime Assad, continue de défendre Damas dans le camp de réfugiés de Yarmouk au sud de la capitale syrienne. Y aurait il besoin d'un nouveau «coupable idéal» ?

 

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