Dans la Libye en plein chaos, le retour d’un Kadhafi est-il possible?
La libération de Seif al-Islam, le dauphin programmé de Mouammar Kadhafi avant la révolution de 2011, est un feuilleton journalistique. En mars 2017 déjà, un site internet annonçait sa libération tandis qu’en juin 2016, Le Monde titrait «Saïf Al-Islam Kadhafi, libre et convoité». Cela montre en tout cas que le nom de Kadhafi reste important dans un pays qui n'a pas de régime stable depuis le renversement du colonel Kadhafi par les forces de l'Otan en 2011.
Chaque année, depuis 2015, Seif al-Islam Kadhafi a été "libéré". Et en 2017, il a même été libéré deux fois.@GGoulaink @fortius0 @libe pic.twitter.com/YXsR5EmniJ
— L Y A D I S H (@Lyadish) June 11, 2017
Arrêté par des milices en 2011 puis condamné à mort en 2015, Seif al-Islam est le fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi. Il a, semble-t-il, été libéré le 10 juin dernier par les hommes qui le détenaient, des rebelles de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli. La Brigade Abou Bakr al-Sadiq, l'un des groupes armés contrôlant la ville de Zenten (170 kilomètres au sud-ouest de Tripoli), a affirmé que Seif al-Islam a été libéré le vendredi soir, «correspondant au 14 du mois de ramadan», en application d'une loi d'amnistie promulguée par le Parlement établi dans l'est du pays.
Cependant, pour l'heure, on ne sait pas où pourrait être le fils Kadhafi même si selon le chercheur Hasni Abidi cité par RFI, Saïf al-Islam a peu de choix et a très probablement trouvé refuge à l'Est. «Or Benghazi est encore la proie des combats entre islamistes et forces pro-Haftar. Il reste donc deux grandes villes: Tobrouk et al-Baida, ville de la tribu de sa mère, et où se trouvent plusieurs de ses oncles », a-t-il expliqué sur cette radio.
Peintre, architecte, réformiste...
Né le 25 juin 1972 à Tripoli, le «Glaive de l'Islam» -son nom en arabe- n'occupait pas de fonction officielle proprement dite à l’époque de son père mais a représenté plusieurs fois la Libye dans le cadre de négociations internationales. C'est notamment lui qui est intervenu lors des accords d'indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie en 1988 et du DC-10 d'UTA en 1989. L’ancien jet-setter, architecte et également titulaire d’un MBA en économie et management obtenu en Autriche, peintre à ses heures, qui était à la tête de la puissante «Fondation internationale Kadhafi», avait un temps symbolisé aux yeux des Occidentaux la possibilité d'une ouverture du régime. Il s'était en effet déclaré en faveur de réformes, mais lors de la guerre civile, il s'était engagé en faveur de la défense du système mis en place par son père.
Plongé dans le chaos depuis la chute du colonel Kadhafi en 2011, le pays est divisé en (au moins) deux camps. Le gouvernement d'entente nationale (GNA) de Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, est contesté par les forces du maréchal Khalifa Haftar, loyales à un gouvernement rival dans l'est de la Libye. Le groupe qui détenait Seif al-Islam serait d'ailleurs en froid avec le GNA...
Résultat, certains imaginent déjà que le fils du colonel Kadhafi puisse servir de recours dans le pays. Un nom qui pourrait unir l'Est et l'Ouest de la Libye à l'heure où les puissances occidentales, pourtant soutien théorique du GNA (à l'Ouest), semblent se tourner de plus en plus... vers le maréchal Haftar (à l'Est), soutenu par l'Egypte.
Un Kadhafi comme compromis ?
«Seïf Al-Islam pourrait être un challenger sérieux dans la lutte pour le pouvoir que se mènent Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar», écrivait déjà en mars dernier La Tribune. Le clan Kadhafi possède encore des soutiens dans le pays et il pourrait s'allier avec les forces de l'Est du pays pour reprendre Tripoli.
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