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La Tunisie, premier pays arabe en matière de liberté de la presse, estime RSF

Selon le classement mondial 2019 établi par l'ONG Reporters sans Frontières (RSF), ce pays est le mieux positionné de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.  

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans une boutique de journaux à Tunis, le 6 mai 2018. (CHEDLY BEN IBRAHIM / NURPHOTO)

Ce classement a été mis en ligne le 19 avril 2019 sur le site de RSF"Les journalistes subissent des pressions énormes sur l'ensemble des pays du Maghreb", a déclaré à l'AFP Souhaieb Khayati, directeur du bureau Afrique du Nord de l'ONG, lors de la présentation à Tunis du rapport annuel de l'organisation.

"En Algérie, au Maroc ou en Libye, les journalistes sont victimes de l'acharnement du pouvoir", selon lui. "L'exception reste la Tunisie qui continue son processus de transition démocratique et qui a fait une avancée remarquable de 25 places, mais reste confrontée à d'innombrables défis surtout par rapport au cadre législatif", a-t-il poursuivi.

Tunis doit encore notamment mettre sur pied une instance de régulation de l'audiovisuel (ICA) attendue de longue date, souligne RSF. "Le gouvernement tunisien a pris du retard dans l’élaboration de la nouvelle réglementation, notamment la loi sur l’Instance de régulation. Le projet de loi avait été annoncé au Parlement pour être examiné entre mars et juillet 2016", notait l'agence Ecofin en janvier 2017. Cette nouvelle entité "viendra remplacer la Haica qui a été créée par un décret-loi du 2 novembre 2011, au même titre que les organes devant accompagner la transition politique en Tunisie au lendemain de la chute du régime du président Ben Ali".

"L’affermissement de la jeune démocratie tunisienne ne garantit pas encore une totale liberté de l’information", commente RSF. En clair, la censure n'a pas complètement disparu. Jeune Afrique signalait ainsi le 22 mars l'interdiction de la diffusion de deux émissions concernant le décès de 15 bébés à la maternité de Rabta à Tunis sur les chaînes El Hiwar Ettounsi et Carthage+. Cette affaire relève d’une décision politique et soulève des doutes sur les véritables causes de la catastrophe du décès de nourrissons, a commenté le Syndicat national des journalistes tunisiens. "Retour à la case départ!", commente de son côté le site L'Economiste Maghrébin.

Mauvais points pour l'Algérie et la Libye

Seul pays rescapé des Printemps arabes de 2011, la Tunisie se classe à la 72e place sur 180 pays, alors qu'elle était 97e en 2018. Elle se place devant tous les autres pays de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient, notamment le Liban (101e) et Israël (88e).

En ce qui concerne l'Algérie, celle-ci continue de s'enfoncer, à la 141e place. Il y a eu une ouverture au début du mouvement de contestation déclenché en février 2019 contre un nouveau mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné depuis, a relevé Souhaieb Khayati. Néanmoins, "ces derniers temps, il y a un retour aux intimidations", a-t-il poursuivi. "On a le sentiment que le régime a sifflé la fin de la récréation et que les journalistes doivent rentrer dans le rang", même si ces derniers "continuent à assurer une couverture professionnelle."

La zone Moyen-Orient et Afrique du Nord est celle où il est "le plus difficile et le plus dangereux pour les journalistes d'exercer leur profession", a encore rappelé RSF. La Syrie et le Yémen, pays en guerre, restent parmi les plus hostiles à la presse, avec la Libye (162e). Ce pays, est selon le responsable de l'ONG, "un trou noir de l'information" en raison de la difficulté d'y exercer le métier de journaliste.

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