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Libye : l’Eglise, dernier refuge de la communauté chrétienne de Tripoli

Ils étaient 100.000 chrétiens avant la révolution de 2011. Ils ne sont plus que 5000 dans tout le pays. Et moins d’un millier à Tripoli, pour la plupart des Africains. Pour eux, l’église est plus que jamais le lieu de réconfort et d’espoir. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi il y a quatre ans, la communauté chrétienne vit dans une insécurité croissante.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
La chorale de la communauté chrétienne de Tripoli pendant une messe célébrée dans l'église Saint-François, le 11 décembre 2015. (Photo AFP/Mahmud Turkia)

Les chrétiens de Libye viennent d’Egypte, des Philippines et du continent indien, mais surtout d’Afrique subsaharienne. Ce sont les plus nombreux mais aussi les plus vulnérables. Pour la plupart, des sans-papiers ou des candidats à l’immigration clandestine.
                
Ils vivent la peur au ventre. «Depuis quelques temps, j’évite de marcher seule dans mon quartier, de prendre un taxi individuel ou de rentrer tard le soir», confie Joyce à l’AFP. Cette Nigériane qui travaille comme femme de ménage se sent terriblement seule. «S’il m’arrive quoi que ce soit, je ne saurais qui appeler au secours. Il n’y a plus de police», regrette-t-elle.
 
Tous les Occidentaux ont quitté la Libye après les combats de l’été 2014, rapporte l’AFP. Mais les Africains, les Asiatiques et quelques nationalités arabes ont préféré rester pour travailler. 

L'église Saint-François, lieu de réconfort et d'espoir
Malgré l’insécurité qui règne à Tripoli, les derniers chrétiens de la capitale se retrouvent, chaque vendredi, à l’église catholique Saint-François, l’une des plus anciennes églises du pays, devenue un lieu de réconfort et d’espoir. C’est là que se déroulent les célébrations de Noël. Les différentes communautés africaine, philippine et indienne échangent des nouvelles.
 
«C’est salutaire de partager quelques heures par semaine avec nos frères et sœurs à l’église», se réjouit Benjamin. Ce Ghanéen travaillait comme gardien chez une famille libyenne qui a quitté le pays après les événements de 2011. Lui est resté à Tripoli.
 
En se rendant en Libye à la recherche de travail, beaucoup d’Africains recherchaient une vie meilleure, à l’image de Rebecca et Anthony, deux Ghanéens qui se sont confiés à l’AFP: «Ce pays a vu naître nos trois fils. Nous subissons ce que subissent les Libyens. L’insécurité. Ce qui les affecte nous affecte. Et nous prions, chaque semaine, pour que ce pays qui nous accueille retrouve la paix», expliquent-ils.
 
L'église Saint-François. L'une des plus anciennes églises de Tripoli (Photo AFP/Mahmud Turkia)

La menace permanente du groupe djihadiste Etat islamique
En Libye, la communauté chrétienne garde en mémoire le terrible meurtre de 21 chrétiens coptes en février 2015. Les victimes, pour la plupart des Egyptiens, avaient été décapitées par le groupe Etat islamique sur une plage de la province de Tripoli.
 
La vidéo publiée sur internet par le groupe djihadiste montrait des hommes vêtus de combinaisons orange que des bourreaux masqués faisaient défiler sur la plage, avant de les forcer à s’agenouiller et de les décapiter.
En avril, le même groupe Etat islamique avait revendiqué l’exécution d’au moins 28 hommes, présentés comme des Ethiopiens.
 
Ils viennent crier devant Dieu leur désespoir
Les Africains de Libye trouvent en l’Eglise le refuge et l’asile qui leur sont refusés ailleurs, témoigne le prêtre français Dominique Réseau dans les colonnes du journal Ouest France.
 
Arrivé en Libye en 2012, il a pu observer pendant dix-huit mois, le sort réservé aux chrétiens africains: «Ils vivent et travaillent dans des conditions souvent inhumaines, exploités, méprisés, maltraités. Les milices armées n’hésitent pas à faire des rafles à la sortie de la messe ou à les rançonner. Fidèles, ils viennent cependant prier et chanter leur foi, crier devant Dieu leur désespoir.»
 
Quatre ans après la révolution qui a emporté le Colonel Kadhafi, la communauté chrétienne de Libye subit de plein fouet les conséquences du chaos dans lequel est plongé le pays.

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