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Madagascar : la fronde des opposants à "Tana Masoandro", ville nouvelle voulue par le président Rajoelina

Il y a un an, lors de la campagne présidentielle, Andry Rajoelina a dit sa volonté de créer des villes nouvelles. Aujourd’hui, les habitants d’une zone concernée près de la capitale Antananarivo dénoncent des expropriations forcées.

Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Arrestation d'un homme après des heurts entre les habitants d'Ambohitrimanjaka et la police, le 17 octobre 2019. Les manifestants protestent contre le projet "Tana Masoandro".  (MAMYRAEL / AFP)

Dans le cadre du plan Emergence voulu par le président malgache Andry Rajoelina, la création de la ville nouvelle Tana Masoandro, la Ville soleil en français, en lieu et place de la commune d'Ambohitrimanjaka, se heurte à la résistance de ses habitants. Lesquels manifestent depuis le mois de septembre 2019 pour dénoncer les expropriations et le comblement de 1000 hectares de rizières, à quelques encablures de la capitale Antananarivo.

Une ville de 300 000 habitants

Ce projet a été annoncé par Andry Rajoelina durant sa campagne électorale il y a un an, pour "désengorger la capitale surpeuplée", selon Le Monde. La Ville soleil, dont le coût est évalué aux alentours de 540 millions d’euros par la présidence, pourrait accueillir 300 000 habitants. 

La volonté du président de dynamiser l'économie malgache passe, selon lui, par des "initiatives qui pourraient favoriser le développement et la modernisation rapides et durables des différentes régions du pays", notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, de l’industrie et du tourisme. En réponse à la contestation, Andry Rajoelina a condamné "les réfractaires au développement" qu'il assimile à "des ennemis de la nation".

Une réalisation à laquelle ils n'auront pas accès

Le coordinateur du projet, Gérard Andriamanohisoa, cité par RFI, dit savoir "qu’il y a un coût social, mais (que) l’Etat ne dispose même pas d’un mètre carré de foncier, donc nous sommes obligés d’aller vers les propriétés privées. Avec ou sans ce projet, ces rizières vont de toute façon disparaître avec la forte croissance démographique".

Quoi qu'il en soit, les habitants ne veulent pas que l'on touche à la terre de leurs ancêtres. Ils s'inquiètent de ce qu'ils feront une fois délogés, même si l’Etat leur paye les terrains et les dédommage.

Aujourd'hui, la population locale se sent exclue d'un projet auquel elle n’aura de toute façon pas accès faute de moyens pour y vivre. En 2017, 77% des Malgaches se trouvaient dans une extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.

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