Madagascar : un téléphérique très contesté en projet à Antananarivo
La France finance en partie le projet porté par deux compagnies françaises. Mais des voix s'élèvent pour dénoncer un moyen de transport trop coûteux pour une population très pauvre.
Le projet de téléphérique dans la capitale malgache Antananarivo est loin de faire l’unanimité. Non seulement il est accusé de défigurer des sites historiques, mais en plus son usage s’annonce trop coûteux pour l'essentiel de a population. Beaucoup demandent de placer cet argent ailleurs.
La polémique touche également la France, dans la mesure où elle assume une partie du financement. Deux sociétés françaises participent au projet : la société Poma, grande spécialiste mondiale du transport filaire, et la Colas déjà présente sur le chantier controversé du "colisée", dans le cœur historique de la capitale malgache.
Un prêt de 28 millions d’euros du Trésor français, un autre de 88 millions de la Société Générale garanti par la Banque publique d’investissement (BPI), ont été accordés. Sauf que le projet a un coût initial de 152 millions d’euros et que les pouvoirs publics malgaches doivent trouver le reste. Soit 36 millions d’euros plus les probables débordements, alors que deux Malgaches sur trois vivent avec moins de deux dollars par jour.
D’ailleurs, le sénateur communiste Pierre Laurent a demandé l’abandon du projet, et de "consacrer les moyens prévus à un projet plus adapté aux besoins urgents de la population malgache". On pense bien sûr au sud de l’île confronté à une famine chronique.
Un investissement utile ?
Il y a un besoin incontestable de désengorger la capitale victime d’une circulation encombrée liée au sous-développement du transport public. Selon défenseurs du projet, le téléphérique permettrait de diviser par trois ou quatre le temps du trajet sur l’itinéraire retenu.
12 kilomètres, douze gares et deux lignes, le téléphérique selon ses concepteurs transportera 40 000 passagers par jour pour un prix du ticket à un peu plus de un euro. Hors de prix pour la majorité des Malgaches. La fréquentation attendue est aussi à comparer aux 780 000 places assurées par les transports publics (pourtant saturés) et aux 136 000 véhicules individuels sillonnant chaque jour la capitale à la vitesse de 3,5 km/h. Pour certains opposants, il ne s’agit que de faciliter la vie de quelques "privilégiés".
Surroundings of ikopa river #Antananarivo #Flooding pic.twitter.com/aYaZkIMoaT
— Drones.mg (@DronesMg) January 23, 2022
Un projet qui passe d’autant plus mal que la capitale a été ravagée par des inondations catastrophiques dues à de violents orages et une tempête tropicale ces derniers jours (34 morts, 62 000 personnes touchées). Et les violents orages de la saison des pluies s’accompagnent de glissements de terrain qui pourraient toucher également les futurs pylônes du téléphérique selon les opposants. Aussi l’argent pourrait être mieux investi, dans la protection contre les inondations par exemple.
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